C’est une étrange vitrine, comme à l’abandon, dans une impasse humide du 16e à Paris, où l’on s’étonne de la quantité de rats trop gras qui trottinent le long des lézardes mangées par la mauvaise herbe. Où les mouches bleues tournoient par nuées inquiétantes au-dessus de monceaux rosâtres de viande et d’os. Maintenant nous en sommes certains : les bons hommes verts de la Mairie de Paris n’osent pas s’aventurer partout. Oh que non. D’ici, on entend à peine les rumeurs qui s’élèvent de la rue chic d’où l’on est venu, les dernières traces de vie riante. Les glapissements des rombières en vélo hollandais.
Et puis, l’horreur.
On s’était dit qu’on n’oserait jamais pousser la porte, restée entr’ouverte. Qu’il valait mieux pas. Que ça n’était pas nos affaires après tout. Chacun ses béances, ses cloaques. Mais ces sortes de bruits sourds, cette odeur nauséabonde, ces petits gémissements de l’autre côté de la sale bâche nous ont fait jeter un oeil par le petit trou. Quand même. Nous pencher sur l’abime. Qui nous regardait lui aussi de son oeil de perceuse. Alors on a poussé la porte et on est entré. Pour voir de plus près. Pour crier devant l’indicible.
Je sais que le web est plus ou moins surveillé par une police consternante d’efficacité ; qu’en ces nimbes électroniques, le système ECHELON traque le moindre de nos misérables penchants sexuels. Aussi me contenterai-je, plutôt que de vous raconter bêtement par le menu ce qu’il y avait d’effroyable derrière la bâche, ce qui suintait dans l’ombre, de vous rappeler que les Galeries Lafayette vous attendent, Madame, pour la rentrée scolaire et que Roro a besoin de trois paires de chaussettes. A 10 Euros. Grises.
Étiquettes : abandon, enfant, imagination, interprétation, traffic, vitrine
Votre commentaire