Cocktail de fruits de mer, marque « générique ». Composé de :
– Saint-Jacques pêchée en Atlantique Sud, par un chalutier panaméen ;
– Calmar pêché dans le Pacifique, par une jonque vietnamienne (une grosse sans doute) ;
– Crevette du Groenland, hissée dans des filets islandais ;
– Moule de Mer du Nord, cultivée au large du Danemark par des fils d’immigrés polonais.
Conservé en frigorifiques fabriqués aux États-Unis.
Transporté et centralisé par des avions-cargos russes.
Emballé en France dans du polyvinyle allemand, par des machines-outil montées au Portugal.
Surplombé d’une étiquette imprimée en Italie avec de l’encre suisse constituée de pigments africains.
Distribué par un géant de l’agro-alimentaire hollandais.
Vendu dans un hypermarché belge racheté par un groupe japonais.
Cuit, hier soir, dans une poêle taiwanaise en fonte d’aluminium canadien, dessinée par un Sri-Lankais.
Agrémenté d’ail corse, d’huile d’olives du Péloponnèse, et d’un tour de poivre de Cayenne.
Dégusté dans des assiettes suédoises avec une Bordelaise amoureuse de la cuisine méditerranéenne.
Evacué, un peu plus tard, dans des sanitaires conçus en Autriche et installés par un plombier ougandais. (Qui utilisa en outre une clef anglaise.)
Filtré, beaucoup plus tard, par une station d’épuration sous brevet israélien.
Traité et compacté – selon une technologie brésilienne – pour l’engraissage des prés bressois, sur lesquels caquettent des gallinacés de race hongroise.
Voilà pour le « Cocktail de fruits de mer ».
La prochaine fois, nous parlerons de la « Brochette fermière ».
Celle qui finit dans la mer.
Étiquettes : biodiversité, globalisation, importations, mélange, mondialisation, racisme
8 juillet 2008 à 10:07 |
Joli coup, bien joué! Un excellente manière d’illustrer la mondialisation, avec humour. Merci!
Par contre, je ne savais pas qu’on produisait de l’encre en Suisse… En revanche, il est fort probable que les capitaux servant à permettre que votre histoire soit réelle y aient transité.
8 juillet 2008 à 10:36 |
@D.Fattore. Grand fabricant d’encres la Suisse. Prenez SICPA, entreprise vaudoise, familiale, qui fabrique l’encre d’impression des billets de banques (et papiers valeur) de la plupart des pays. Un quasi monopole d’ailleurs. Ah ces Suisses.
8 juillet 2008 à 12:27 |
Oui, ça c’est du tour du monde rondement mené. C’est bien ce qui me semblait, du reste: pour vraiment voir du pays, il vaut mieux ouvrir une boîte de conserve que pratiquer dix ans d’un tourisme aussi harassant que superficiel.
9 juillet 2008 à 11:13 |
Vrai! Je les avais oubliés, ceux-là…
9 juillet 2008 à 11:14 |
P. S.: il fut aussi un temps où la Suisse produisait des timbres-poste pour le monde entier…
15 juillet 2008 à 10:09 |
@Marco: autre astuce sympa: changer de pinard tous les soirs, et varier les pays. Comme la vigne pousse surtout dans des climats agréables, on est assurés de voyager dans des régions ensoleillées.
19 juillet 2008 à 13:33 |
J’avoue que j’ai bien ri ! Je m’occupe de l’alu
21 juillet 2008 à 23:31 |
Ah ah, très joli. Je découvre ton blog par l’intermédiaire de Marco. Le ton me plaît.
22 juillet 2008 à 17:26 |
Merci à tous, et bienvenue Magda !
22 juillet 2009 à 12:06 |
Je lis quelques post au hasard sur votre blog, j’aime beaucoup! celui là est génial pour combattre le nationalisme et le racisme de beaucoup de cons!… Merci à vous,
Malika
15 avril 2011 à 12:07 |
excellent encore une fois Nicolai! Brillante démonstration de nos paradoxes.. bravo! *_*
8 janvier 2013 à 13:52 |
excellent! je partage…