Archive for février 2009

L’Eloquence du Pélican

28 février 2009

pelican

J’ai compris ce matin pourquoi « l’Elégance du Hérisson », de la légendaire Muriel Barbery, est un succès de librairie sans précédent. J’ai mis du temps, j’ai longtemps tâtonné, j’ai fait des enquêtes de proximité, j’ai interrogé amis, libraires, psychologues, sociologues, analystes, par monts et par vaux, et même des garagistes, de Marseille à Lille et de Bordeaux à Mulhouse ;  sans être jamais totalement satisfait de leurs réponses un peu vagues, à tous ces gens, un peu désolées, parfois contradictoires.  Mais ce matin, alors que rien ne m’y prédisposait, que ce livre surestimé était totalement sorti des derniers replis de mon cerveau, j’ai enfin compris.
D’un coup.
Grâce à ma concierge. Ma gardienne. Teresa Pires Tabuleiros. Un fantastique petit bout de femme célibataire, dans la quarantaine, d’une serviabilité et d’une discrétion peu communes (sous nos latitudes). Et avec laquelle je n’avais jamais véritablement parlé. Un peu agacé par des problèmes de poubelle collective, d’antenne collective et d’ascenseur en panne depuis trois mois, – outre une odeur de vieux poisson asiatique récurrente dans les escaliers –, je me présente donc tout à l’heure devant sa loge, en tongs et avec un bout de câble dans les mains. Dring. Elle m’ouvre. Courtoisement, je lui fais part de mes petits soucis sur le palier ; mais comme ça se prolongeait, que je supposais que ma prise d’antenne devait être défectueuse, tout ça, entrez, entrez, venez essayer chez moi, qu’elle me fait. Et je suis entré chez elle, oui, Teresa Pires Tabuleiros. Je suis entré chez elle et j’ai vu.

Ce que j’ai d’abord vu, pour être honnête, c’est l’austère simplicité dans laquelle vit cette bienveillante femme portugaise. Une pièce sombrette de trois mètres sur quatre, précédée d’un vestibule ; kitchenette, coin douche (probablement) ; un lit avec Jésus, une table avec un téléphone et quelques paperasses, un fauteuil fatigué couvert de peluches, et, évidemment, une petite télévision dans un coin. C’est à peu près tout.
C’est en m’approchant de la commode où était posée la télévision (pour accéder à la prise d’antenne, derrière) que j’ai dû sursauter : Non pas un Hérisson trônait à côté du poste, mais TROIS. Trois bestioles élégantes – ça oui, elle l’étaient pour le coup –, sans piquants, lisses et crème, dormaient bien rangées verticalement, toutes neuves. Qui semblaient narguer un dictionnaire « français-portugais » posé juste dessus, bien comme il faut. Tout neuf lui aussi. Incroyable image. Eclair. Euréka ! J’ai enfin compris ! Les hérissons se multiplient chez les concierges ! Quelle étrange affaire de clones que voilà ! Je liquide la question de l’antenne en vitesse et je demande à Teresa mais comment avez-vous eu ça ? Avez-vous lu ce livre ? ces livres ? Dites-moi, Madame Pires, ça m’intéresse. Ça m’intéresse énormément. C’est non sans rosir un peu qu’elle me répond, avec son adorable accent plein d’olives et de sardines, que c’est des « gens de l’immeuble » qui lui ont offert, pour Noël, pour les étrennes, pour l’occasion, parce qu’elle fait bien son travail (c’est vrai), parce que c’est super de parler des concierges comme ça, parce que vous allez voir comme c’est drôle cette histoire, comme c’est intelligent. Hein. Voilà. Trois livres. Trois hérissons. Tres ouriços. Pas encore traduits en portugais. Ça promet. Une amie à elle, qui s’occupe d’un immeuble de soixante-dix appartements, en a reçu cinq en trois ans. Qu’elle n’a pas lus malheureusement. Vous verrez, Madame, qu’ils lui ont dit, c’est pas si difficile, même en français, si vous avez un petit dictionnaire pour les mots compliqués… C’est une belle langue le français, vous verrez… Comme les gens sont gentils. Une fière idée ça. Entre les poubelles et le courrier. Merci monsieur, merci madame. Obrigada.
Enfin bon, j’ai compris, moi, le fameux coup du best-seller. Son mécanisme. « De mes propres yeux vu ». Ah c’est sûr qu’à ce rythme-là y’en a partout des hérissons. Petits petits petits… Allez allez allez… Et c’est pas fini. C’est qu’il y en a des concierges en France ! Et dans le monde entier ! On va être tout à fait envahis ! Joli coup Antoine, joli coup Muriel ! Joli coup les amis !

Je ne reviendrai pas sur la verbeuse préciosité, l’absence totale du moindre sens de la psychologie, sur la fin honteusement bâclée – consternante – de ce qu’il faut bien considérer comme un laborieux (mais habile, soit) « livre de prof de philo » ; d’aucuns en ont parlé avec abondance et je n’ai rien à ajouter ; mais ce que je trouve amusant dans cette histoire riche d’enseignements, c’est qu’elle montre à quel point la solution à une interrogation partagée par beaucoup, peut surgir, de manière impromptue, là où étrangement on l’attendait le moins : chez l’intéressée. Eh oui. Qui en est à la page 17, m’a-t-elle confié. Belle performance, Teresa. Courage. Persévérance.

A qui donne-t-on les étrennes à part la gardienne ? Au facteur, parfois ; aux pompiers quand ils passent. A qui fait-on des cadeaux, comme ça, par sympathie ?

Je vais réfléchir, en tout cas ; il me faut mon best-seller. Et j’ai déjà le titre : L’Eloquence du Pélican.

Blue Frieend®

20 février 2009

blue-friend

Bienvenue à toi, internaute de passage. Bienvenue sur ma plage. Je tâcherai d’honorer ta présence, comme d’habitude, le temps bref d’un vol de mouette. Tu me connais, tu ne me connais pas, peu importe : tu es là, à lire ces lignes. Au lieu de lire le dernier Christine Angot. Au lieu de relire les Mémoires de Chateaubriand. En ce sens, ça tombe bien : tu es moderne. Par où es-tu venu ? Comment as-tu atteint ce rivage ? Tu t’y es peut-être échoué, remarque. Comment ? En cliquant. Eh oui souviens-toi : tu viens de cliquer quelque part. Tu étais posé sur un rocher, dans l’immensité bleue, et tu as utilisé un lien. Clic ! Une sorte de câble, couvert de mousse, te relie à moi. Une sorte de câble qui hop ! te permet de te promener un instant sur ma plage, comme par enchantement. Cette plage fait partie d’une île que tu fréquentes assez souvent. Et cette ïle est dans un archipel, petit ou grand : celui de tes préoccupations. « Vous ne viendrez pas chez nous par hasard », dit l’antienne. Donc il y a au moins une chose qui t’intéresse, ici, un mot, une phrase. Un petit truc. Tu es venu ici à cause d’un motif. Tu as tapé le mot « brosse » et « sexe » dans Google – ce brave Google –, tu as cliqué, et voilà l’accident. Ou tu m’avais déjà dans tes « favoris », quelque chose comme ça. Enfin bref, tu as, comme je l’ai dit, des préoccupations qui t’amènent ici.

Ainsi donc nous sommes, toi et moi, connectés l’un à l’autre. Tu vas me dire : oh mais tu sais, quand je lis La Cigale et la Fourmi, je suis connecté à une cigale, une fourmi, mais surtout à La Fontaine. Ce qui est tout à fait exact. La connexion s’effectue juste à quelques siècles d’intervalle ; mais elle s’effectue, en effet. Tu conviendras, j’espère, que c’est magique. Même si à proprement parler, entre La Fontaine et toi, il n’y a pas véritablement d’échange. Lui ne t’entend pas. Ne te connais pas. En fait il s’en fout un peu, de toi. Ce qui n’est pas très plaisant, t’avoueras.  Regarde : Moi je te connais : je te parle. Je t’observe. Ça fait des semaines, des mois, que je t’observe. Que je guette tes allées et venues. Je sais d’où tu viens, combien de temps tu vas rester, par où tu vas repartir. La fréquence de tes visites. Un peu et je serais capable de te dire ce que tu as mangé à midi. Et avec qui. (Pour ta gouverne, c’est pour bientôt.) Tu es connecté. N’oublie jamais que tu es connecté. Je t’entends cliquer ; je connais tes clics par coeur. Tes préférences. Tes plages favorites. Les personnes que tu appelles depuis tes plages favorites. Ce que vous vous dites. Ce que vous complotez. Où vous allez vous rendre.  Je sais tout ça. Et surtout je sais m’en souvenir. Mais ne t’inquiète pas : je suis ton ami. Je t’aide quand tu as besoin d’aide. Je te propose les meilleures sorties. Je sélectionne tes musiques préférées. Tes livres. Tes sex toys. Tous tes joujoux extras. Je me bats pour les meilleurs prix. J’accompagne tes solitudes, aussi. Avec moi le temps passe vite. Si vite. Tu sais, j’ai mis un moment à bien te connaître. Ça ne s’est pas fait tout de suite, oh non pas tout de suite. Il a fallu s’apprivoiser, se tourner autour, se séduire en quelque sorte. Tu m’as ouvert ton coeur. Tu t’es confié. J’ai assisté à toutes tes joies, tes colères, tes abandons. Je les connais bien, tes coins obscurs, tes derniers plis. Depuis maintenant quelques années. Je suis désormais ton meilleur ami ; ton ami Blue Frieend.

A bientôt.
A tout de suite.

Le Salon de L’Amélioration

14 février 2009

radio-boule

Ouverture hier du « Salon de l’Amélioration 2009 », première édition. Un événement très attendu par le gratin R&D, malgré une situation géographique des plus confidentielles :  Eh oui, désolé, ce n’est pas Porte de Versailles  comme de coutume, c’est à Saint-Gustave-les-Deux-Eglises (pas loin de Grandmont, dans le Massif du Mollard). Faut avoir envie d’y aller, c’est sûr, mais comme je suis curieux, disponible, libre, et que tout ce qui a trait au progrès m’intéresse infiniment, je me suis rendu à ce salon ; avec un ami, avec plaisir et en train (deux changements, Lyon-Perrache, Vallossières, puis prendre le funni jusqu’à Saint-Gustave). Bien.
L’ami qui m’accompagne (ou plutôt que j’accompagne), c’est Jean-Patrick D., l’inventeur du paquet de riz « à ouverture facile ». Il a un stand. Et il est là pour croiser des cerveaux, des gens qui auraient une solution élégante pour améliorer son invention. Le paquet de riz à ouverture facile, il faut le souligner, bénéficie déjà de deux brevets, mais connaît hélas encore quelques couacs, quelques drames dans les cuisines (1 kilo de riz sur le carrelage, quand ça arrive, avec des grains qui s’infiltrent entre la machine à laver et le frigidaire, c’est énervant, ça vous gâche facilement une matinée). Il y a, paraît-il, moyen d’améliorer encore l’ouverture du paquet, l’évidence du geste, sa sécurité ; et JPD est à l’affût d’idées, de suggestions. J’ai toujours été fasciné par les gens qui cherchaient la perfection, les peaufineurs, les fatigués de l’à-peu-près. Brave JPD, comme j’aimerais te ressembler.
Alors que mon cher ami discute avec un Suédois — le père de la lampe d’appoint à 5 Euros (avec la pince qui casse, vous savez, là) —, plutôt que de rester avec eux muni de ma misérable science, j’en profite pour faire un tour dans les allées encombrées. Beaucoup d’ambiance aux stands « téléphonie ». Ça grouille de monde chez Nokia. En effet, le concepteur de l’ergonomie du E65n, modèle assez récent, expose dans un français parfait pourquoi l’écran de cet appareil reste allumé la nuit et vide la batterie en quelques heures ; et pourquoi quand on envoie un SMS avec l’écran tactile, ça a tendance à écrire « Saalu bBernard tu faiis ko cce soirr?% », si on fait pas gaffe. Moi ça ne me concerne pas, je reste fidèle à mon Sagem de 1996, un « must have » première génération ; téléphone, agenda, émission-réception, point barre. Un peu lourd mais parfait. Au moins on sait qu’on téléphone.
Un peu plus loin, aux « conteneurs alimentaires », je m’arrête au stand d’un certain Sugar B. Field, le génie à qui on doit le distributeur d’édulcorant à trappe par le socle. (Vous mettez votre boîte de Canderel droit sur une surface un peu humide, un plateau mal essuyé, et c’est fini. Les granules s’imbibent de flotte, ça bourre, ça durcit, vous pouvez changer de boîte ou vous munir d’un marteau-piqueur.) Le type cherche une amélioration mais c’est pas facile. Ouverture sur le côté ? Et qu’est-ce qu’on ferait des vingt-cinq granules qui restent au fond quand c’est presque vide ? Non c’est vrai, c’est pas évident. Un dispositif à éjection par ressort ou mini-catapulte ? Peu pratique. Galère, faut viser la tasse, tout ça ; un peu compliqué.
C’est armé d’un sandwich au jambon que je m’avance quelques minutes plus tard vers la table d’un type étonnant, avec son staff : L’inventeur multi breveté du remonte-cornichon-qui-ne-remonte-pas les-oignons. Eh oui : il remonte tout, ce truc-là, sauf les oignons. Ils passent à travers les trous ces cons d’oignons ! Et finissent par se désagréger dans le jus jaunâtre. Quelle perte ! Et impossible de réduire le diamètre des trous, car là on s’approcherait dangereusement de la grille (élaborée par son concurrent direct, à triple brevet international). La grille en plastique micro-alvéolé, oui : fallait y penser ! prévoir qu’un jour des oignons accompagneraient peut-être des cornichons dans les bocaux ! Dur. Je discute un peu avec lui, l’inventeur (il se fait appeler « Gun », je ne sais pas pourquoi), mais là non plus, ma présence est bien peu efficiente. Je suis nul en mécanique des  fluides et le principe d’Archimède m’est somme toutes devenu étranger. Tant pis pour les oignons, je ne peux rien pour vous.
Je rejoins alors mon ami, qui parle plastiques avec un spécialiste en polymères, un dénommé Von Strumpf : c’est le mec qui a mis au point, après dix ans de recherche, la gommette à murs UHU. (Vous collez une carte, un papelard quelconque, un petit objet sur un mur ; ça tient, et quelques jours plus tard vous retrouvez votre objet dix centimètres plus bas, avec les gommettes qui se sont affaissées, coulantes.) Ils ont bien essayé de baisser la viscosité, mais dès lors ça ne colle pas. Ça reste en place mais ça colle pas. Et ça fait une tache huileuse à travers la feuille. Terrible. Tout le secret résiderait dans l’adjuvant miracle. Parce que là c’est « vraiment de la merde » déclare un visiteur, dessinateur-architecte. « Vraiment de la merde ». C’est sûr, faut creuser.
Très intéressant ce Salon, décidément. Les conseils, les propositions, et autres traits lumineux vont bon train. On apprend plein de trucs dans ces endroits-là,  c’est incroyable. Faudra que je revienne avec Gégé ou avec ma femme. Tiens, en parlant de ma femme : Un peu avant la sortie, après le stand du crétin de designer qui a dessiné la radio-boule (impossible de changer le volume ou de chercher une station : les doigts glissent), on tombe sur qui ? Je vous le donne en ville : Sur le salaud de Ricain qui a réintroduit la Saint-Valentin en Europe après la Deuxième Guerre Mondiale ! Bien insidieusement ! Par bateau ! Alors qu’on était si tranquilles depuis les Romains ! Que ça c’était tout à fait calmé, ces conneries-là ! On tombe sur le pape du dîner obligatoire ! du cadeau du 14 et du nouveau départ ! Il est là, dans sa chaise roulante, sourire à vingt mille dollars, noeud-pap’, avec des pin-up autour, plein partout, faut voir ça ; sur ses genoux, les gamines, qui piaillent ; leurs 95 D qui déforment les coeurs imprimés de leur tee-shirt en lycra. Tu parles d’une Sein Ballotin mon caillon ! de Djiou. Ce qu’il essaie d’améliorer le petit père transatlantique ? La pé-né-tra-tion du marché mondial. Faut que ça arrive jusqu’à Vladivostok, Achta-Harka, Uthmöhpl, N’djabi-les-Bains ! Même jusqu’à Zvovsk ! Y a du boulot j’aime autant vous dire ! Pour que tout le monde entier s’aime le 14 février ! Prouve son amour ! Pour que le son doux des bisous arrive aux étoiles !

(…)

Bon. Très bien. Ma femme. Faut que j’y pense à ce cadeau. Un petit machin pour marquer le coup. Une petite robe d’été, ok, allez.
Rue.
Boutique.
Portant.
Voyons voir. Soyons frivole. Pas mal, celle-là, avec les motifs à fleurs. Ouh, la robe est un peu chère, je vais prendre la jupe, plutôt. 118 Euros. Quand même. Pour un bout de coton coloré.
Putain.
Quand je pense que le triple DVD de Deleuze — 8 heures de conférence d’un des cogiteurs les plus brillants que la Terre ait porté — ne coûte, lui, QUE 40 Euros ! (une misère comparé ! 5 Euros de l’heure le Gillou ! ), il m’apparaît nécessaire d’essayer d’apporter une amélioration GLOBALE au fonctionnement erratique du monde. Au moins, d’essayer. L’an prochain, c’est certain, j’ai mon stand au Salon.

Albatroce

3 février 2009

ciel-bleu1

Augmenter son chiffre. Sa visibilité. Etre là. Gagner en notoriété. En muscles. Dépasser les prévisions. Avoir plus de visiteurs. De visiteuses. De belles visiteuses, qui savent visiter. Plus de fidèles. D’admirateurs et de ratrices. Encore plus. Dépasser les mille. Par jour. Par heure. Etre compté parmi les meilleurs. Etre dans la course. Résolument. Superbement. Maillot jaune, complet blanc. Etre dans les premiers. Non : LE premier. Sur Google. Dans la vie. Sur Mars. Au sommet de Mars. Partout. Avoir son nom. Qui brille. De lèvres en lèvres. De néons en néons. Qui luit en haut des tours. Oui c’est lui tu vois là-haut. Tout en-haut en-haut. Regarde-moi cette étoile. Qui danse de mille feux. L’Immense c’est lui. Ce ne peut-être que lui. LUI.

En effet c’est moi. Ce LUI, c’est moi. Que ce soit clair. C’est de moi qu’il s’agit, petits. De mes fesses et de mes bras. De mes plumes impeccables. Moi Moi Moi. Voyez mon allure. Et mon génie sans bouillir. Prenons mon allure : Princière. Cent pour cent cashmere. Depuis tout petit. La nuque droite. Le travail. L’espace dompté. L’aisance. Normal que je gagne. Que je brille. Que je vole si haut. Je suis si… comment dire ? si rare. Et si beau. Des années que je soigne mes ailes. Que je les lustre. Qu’elles sourient au soleil, bien au-dessus des brumes. Voyez cet arc blanc dans le ciel gentiane. Qui plane et se moque de vos affligeants crânes : c’est Moi.

Pan !

‘tain d’bordel ! Qui a tiré ? Merde, c’est toi Charles qui a tiré ? De Dieu ! On avait dit de la dinde cette année. C’est pas une dinde ça ! Tu fais chier Nono, chaque fois on change de gallinacé ! L’an dernier c’était la poule, l’an d’avant le faisan. Et moi je veux de la dinde. De la dinde t’entends ? Tout ce que tu trouves à faire c’est de descendre cet albatros. Ce grand con avec ses ailes à la con. Y a rien à bouffer là-dedans. Ça manque de gras. Ça sent le merlan et j’aime pas ça.


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