Archive for mars 2009

Listériose et sandwich épais

25 mars 2009

listeriose

Nous sommes tous plus ou moins perclus de pathologies diverses. Sans être hypocondriaque, il y aurait presque de quoi s’alarmer. Bacilloses à vertiges, coco-staphyloses digestives, prurits vulvaires mal soignés, protéites du grand cornet, mordaches polynéphrétiques franches, lucoses piriforme du stomate pontical, ptérodactyloses spongiomorphes, maladie de la betterave, scrofulites tuberculeuses, sans compter tous les petits chagrins chroniques que nous traînons ; pathologies de l’addiction, fixations corticoïdes, noyades tegmentales ventrales, contusions synaptiques et autres dégénérescences pyramidales aztèques.  Enfin bref, nous sommes parfois bien embêté. Parfois même sans le savoir.

Sans vouloir m’étendre davantage sur ce qui fait la joie des cliniques, j’aimerais revenir ici sur un trouble obsessionnel assez courant au mois de mars – et globalement entre deux saisons : la manie des listes ; avec ensuite, en exemple-cerise, la complication dite  « syndrome de Hilvoorde-Pfaff » – ahurissante.
Je ne parle évidemment pas de l’anodine et très peu conséquente « liste de courses » (destinée à « rien oublier » et surtout à réfréner les achats compulsifs et les cabas qui grattent), mais bien plutôt de la liste pour la liste. La copieuse et exhaustive liste. Parfois si brève. Si sèche et définitive. Qui rassure, gonfle d’orgueil ou d’assurance. Voyons. Non, il ne manque rien, tout est là. Elles sont toutes bien là ces dames que j’ai sodomisées depuis que je vais sur MEAT-ME. Cent-trente-deux. Bravo Bobby. Ça fait quoi ça en poids. Faudrait demander à Lhermitte, il doit savoir ces trucs-là. Les listes, toujours les listes. De livres « à prendre sur une île ». Une île nue où il n’y aurait rien d’autre à faire que lire, lire, lire, et soigner son érythème solaire. Les listes-podium. Les cent livres qu’il faut avoir lus. Les cinquante livres qu’il faut avoir lus deux fois. Oui chef, c’est noté. Les douze meilleurs films du monde. Les dix artistes de demain. Non, les vingt. Mais pas un de plus. Les listes-conseils. Les dix raisons de le quitter. Les dix raisons de choisir une Testa Rossa 48 soupapes. Ou plutôt un vélo. Et puis. Les Neuf Merveilles du Monde. La dixième c’est mon Fils. D’ailleurs il faudrait songer à visiter ces Neuf avec la Dixième. Les dix hommes qui font trembler la Finance. Ceux qui font trembler la France. Les dix femmes les plus belles du Cinema. Non pas toi Monica. Plus de ton âge. Ouste. Fissa. De toute façon t’inquiète y en a plus dix, y en a sept désormais. Le Top Seven. La liste des sept samourailles. Et puis les listes de choses à faire, à pas louper, avant de mourir, avant de partir, après dîner, après la pluie, avant l’hiver, les listes de crèmes à essayer, les listes de concerts où t’as pleuré, les listes rouges, les listes de noms à inviter, les listes noires à éviter, tous les pays à visiter, des listes, des noms, des mots alignés, les uns sous les autres, petits scolopendres à la queue leu-leu, bien être sûr qu’il ne manque rien, qu’on a bien tout dit, tout réfléchi, bien tout fixé, que tout est là bien écrit. Car il faut écrire : une liste ça s’écrit. Ça s’ordonne comme il faut. En premier, en second, en troisième. En. Il y a la tête de liste. La queue de liste. Toute tremblante, la queue, de passer à la trappe. On avait dit dix. Pas un de plus, désolé Jean-Paul. Une liste ça parle. Ça écarte. Ça blesse. Et ça formate l’esprit.
Pourquoi fait-on des listes entre deux saisons. Surtout. Ou en avion. En transit. Parce qu’il faut que ça change. Et ça change pendant les bourrasques, les grands mouvements d’air, les déplacements. Le coeur de l’été n’intéresse pas le dresseur de listes. Ou si peu. On fait toujours une liste résolument. Pour y voir clair, être sûr, que ça déborde pas. On borne avec joie. Avec ravissement. Parfois avec stupeur, si la liste n’est pas bornée. Cent-trente-deux. Tu parles d’une liste. Qui s’allonge longe longe. Faut tenir à jour. Dans un mois ce sera cent-quarante-trois. Saaa-lopes ! Qu’est-ce que je m’amuse bien en tout cas. Oui je suis malade, je sais. Je suis instable. Détestable. Priapique. Alors je m’accroche aux listes, il n’y a que ça. Ces montagnes de viande me rassurent. Odette. Bérénice. Carla. Anne-Claire. Josiane – fameuse, Josiane ; un peu grasse mais fameuse (ou grasse donc fameuse, comme les cailles ?). Lucienne. Pauline. Nadège. Enfin je dis Nadège. Roberta. Tiens, pourquoi j’ai pas noté ses seins, à Roberta ? Quatre étoiles. Curieux. Me souviens plus, tant pis.

Terribles listes. Stupides listes. Connard.

Je parlais plus haut de la complication dite de « Hilvoorde-Pfaff ». Je vais tenter de la décrire avant que mon train arrive ; d’autant qu’un de mes amis – appelons-le Benoît – souffre de cette étonnante complication, parfois pénible à gérer en société ou dans les partouzes. Benoît, donc, qui n’est pourtant pas géomètre, mais représentant en aspirateurs, eh bien que fait-il ? Il prend des mesures. Littéralement. Il ne se passe pas cinq minutes dans la vie de Benoît sans que celui-ci ne sorte un mètre pliant (ou un centimètre de couturière en hiver), et MESURE. Le diamètre d’un bol. L’épaisseur d’un sandwich. La largeur d’une porte d’ascenseur. Le faciès d’un type qui attend au feu rouge. Pardon monsieur vous permettez. Bougez pas. Benoît dégaine son ruban jaune, s’exécute avec sérieux. Voilà.  31,7 centimètres de haut, 23 de large, merci monsieur ! Le type reste interdit. Et Benoît sort son carnet, note le résultat dans une de ses listes. L’intègre ensuite dans un graphique. Douze ans que la maladie l’a pris. Gigantesques bases de données.  Le pire c’est que souvent Benoït revient mesurer des choses qu’il a mesurées auparavant. Voir si ce balai n’aurait pas poussé d’un centimètre. Cette lampe. Ce fauteuil de cinéma. S’il ne se serait pas un peu élargi avec le temps et les records d’affluence. Benoît ne loupe rien. Les listes tapissent sa chambre. Les chiffres. Des millions de chiffres dessinés avec application. Quand on demande à Benoît pourquoi il se donne tant de mal, il répond il faut que ça rentre. Il faut que ça rentre. Invariablement il répond ça. Décontenancé, le questionneur s’aventure parfois à demander qu’est-ce qui doit rentrer et dans quoi. Et Benoît regarde fixement, avec ses yeux de perceuse, l’importun questionneur. Qui baisse alors les yeux.

Je ne sais pas combien mesure mon train, mais il arrive.
Et j’ai des listes à faire. Listériose en vue.

Little Babe

15 mars 2009

nicobabe

New York, 1er avril 2037.

Etude (suite) de l’élément n°449 « Ponthier-Bonnard », cas-type dont je rapporte ici quelques éléments de l’affaire, parus sur un « blog » collectif en juin 2009, quelques mois après le sinistre.

«Le designer Lucas Ponthier-Bonnard a tué sa femme Brigitte (née Ducret) parce qu’elle avait les seins qui tombaient. « Je n’en pouvais plus », a-t-il déclaré à la presse. Quand il regardait le buste de sa jeune épouse – elle avait 38 ans –, il ne supportait plus cette « fatigue tissulaire » (qu’on nomme en clinique « ptose mammaire » – un très joli nom pourtant). En fait c’est très simple : ce tableau « ne le faisait plus bander ». Plus comme avant. L’afflux sanguin était plus contrarié, moins immédiat. Et surtout il « bloquait là-dessus », comme l’a affirmé Bruno G., un ami confident interrogé par nos soins. Au vrai, la poitrine tombante de sa compagne n’était pas seule responsable de cette regrettable décision, soyons clair : il y avait aussi les chevilles, qui n’étaient pas à son goût, les jambes, un peu courtes, la cambrure, le délié de l’ensemble. L’allure générale, quoi ; en somme : l’avachissement progressif d’une femme jugée pourtant « sexy ». Outre qu’on aurait pu parler de sa bouche, à cette malheureuse Brigitte. Sa « fameuse bouche » oui (comme l’indiquent quelques notes prises, paraît-il, dans un carnet), qui avait fini par « sécher, perdre en pulpe, se garnir de petites ridules périphériques, globalement disgracieuses, désolantes ». Tous ces détails – au début ce n’étaient que de menus détails – que le temps avait fini par accumuler, par cruauté sans doute. On ne pouvait nier l’évidence : Brigitte était en effet moins bien qu’avant. Au cours de leur union, entre éclats de rires complices ou coïts passionnés, les questions récurrentes du « jeunisme ambiant », des terribles « ravages du temps » et de « la tyrannie de l’image dans les média » avaient été largement débattues par Lucas Ponthier-Bonnard et sa femme, confie un proche. Il avait à ce titre été supputé que quelques séances de fitness hebdomadaires auraient pu avoir raison du « désastre », retenir la jeunesse de madame avec bénéfice. En vain. On ne se soustrait que difficilement au temps et aux lois de la gravitation. Et puis le leg-lifting, bon, ça va cinq minutes, c’est sûr, surtout quand on a deux enfants en bas âge. Dernier recours, les « crèmes », si onéreuses, les interventions en chirurgie esthétique, souvent lourdes, dont les magazines féminins ne manquent jamais de marteler les mérites, avaient fait au sein du couple l’objet d’attention, d’analyses comparatives, disons-le tout net : d’une vraie réflexion nourrie d’espoir. Brigitte Ponthier-Bonnard était prête à lutter pour « rester dans la place ». Quant à son mari Lucas, face à tant d’adversité, de frustrations rentrées, par ailleurs incapable d’infidélité physique réelle, incapable surtout de dissocier « amour » et « choses du sexe », il a préféré, plutôt que se séparer d’elle, lui ôter définitivement le souffle. Car il « l’aimait », a-t-il insisté.»

***

Or, ce qu’on a moins évoqué dans cette triste affaire, c’est l’assiduité avec laquelle Lucas Pontier-Bonnard se connectait à Internet pour s’adonner à son passe-temps favori : la masturbation ; libératrice vénérée de « toutes ces tensions dues au stress » (locution fourre-tout qui fut maintes fois reprise par ses semblables). Une simple habitude, au début, qui se transforma peu à peu – et c’est un point crucial – en véritable addiction. Dont il ne se rendait pas vraiment compte. Addiction d’autant plus significative que le Programme LB. n’en était qu’au début de sa « longue carrière ».

Né d’un accord entre multinationales de la communication, avec la bénédiction opaque des Etats et de leurs très redoutées « mind control cells », le Programme LB, « régulateur de naissances » et « anesthésiant cortical » (ainsi que le mentionne le dossier), tendait d’une part à favoriser la production et la diffusion massive de matériel pornographique sur le web – d’en faciliter subtilement l’accès malgré une prétendue « politique sécuritaire et répressive » (une merveille d’hypocrisie !), et d’autre part à surveiller le maintien d’un haut niveau de perfection plastique dans les images – canoniques – du sexe dit « faible » surtout, à travers la presse et les autres média.
Par quels mécanismes cet attirail sophistiqué, soutenu par de puissants logiciels de retouche numérique, parvint-il a infléchir durablement vers l’horizontale – et contre toute attente – les courbes de natalité ? Le principe clé est finalement assez simple : Il fallait travailler sur la confiance et sur la disponibilité des items. River les hommes à leur écran-jeu, les soumettre à des torrents de dopamine en leur ouvrant les « Portes de la Perfection Fantasmatique ». Modifier par ce biais leur rapport à la normalité (et à la réalité) en positionnant très haut les valeurs-étalon de l’image de la femme en tant qu’objet – de désir, bien entendu. Faire, d’un autre côté, insinuer le gel corrosif du doute et organiser rapidement l’insatisfaction au coeur même des couples fraîchement formés – donc les FRAGILISER d’entrée de jeu. (Des crédits furent à ce titre abondamment « débloqués » pour les entrepreneurs désireux de monter ce qu’on appela des « sites de rencontres », conçus pour multiplier les contacts selon des schémas cahotiques.)
Tout fut soigneusement orchestré pour entériner les « années plastique », puis le terrible « black hole » de 2018, dont on se relève à peine près de vingt ans plus tard.
C’est précisément de cette dislocation du lien, de son corollaire au niveau de la (non)procréation naturelle, qu’il va s’agir dans ce qui va nous occuper ici quelques semaines, à savoir l’étude approfondie de ce que certains observateurs désignèrent comme la bombe atomique la plus meurtrière jamais conçue : Little Babe.

Hope Rascoli-Vance

Barbapapa

6 mars 2009

barbapapa

Disparaître dans la bouche du monstre vert. Petits rails fragiles. Wagonnet tremblotant. S’enfoncer dans les ténèbres. Tiens-moi la main. On sait jamais. Happé ! on est happé véritablement. Tu sens comme on est happé par le noir ? Et quelle chaleur, là-dedans. C’est intenable. Tiendrons-nous ? Je ne me sens pas très bien, déjà. Tiens-moi bien la main, hein. Ça sent le caoutchouc et… et la… la… Enfin j’aime pas ce que ça sent. Brrr. Tu entends cette chansonnette, aussi ? Ecoute… Cette ode aux pâquerettes et aux fleurs des champs… Pour nous faire croire. Nous abrutir. Nous endormir… Dormez les petits… Dormez bien dans le coton de la nuit… Il enfonça son poing dans le cul du bébé. Avec les bagues. Le cul du bébé ! Il est dix-huit heures trente-sept. Oh mon Dieu. Je viens de faire une compote de pommes. C’est bon la compote maison. Jan Akkerman est un guitariste prodigieux. Finir mon verre de thé. Reprendre un biscuit. Bourrer ma pipe. Bourrer. Etrange verbe. Violent, rugueux, pas très noble. Agricole. Est-ce que ça se dit « cul de bébé » ? Pas tellement. Cet automne, il est possible que je fasse un stage de reliure. Je ne savais pas qu’on pouvait faire des stages de reliure à Paris. Il y en a des choses qu’on peut faire, dans une grande ville, quand on est désoeuvré. Des crimes, même. Des sales choses. Tuer quelqu’un au hasard. Joue, Jan, continue à gratter, profite de la ligne de basse. Un inconnu dans une rue banale, une rue toute simple, une rue quoi. N’importe laquelle mais pas trop éclairée. La vilaine pulsion. Éclater sa face au fléau d’armes. Bonsoir, vous allez bien ? Bam ! Bram ! et Blam ! Entre une Peugeot et une Renault 5, garées loin d’un lampadaire. Cette compote gagnerait à être mangée plus froide, ce serait meilleur. On dit des fesses plutôt. Des fe-fesses. Montre-moi tes fe-fesses ! C’est fou ce que la lumière décroît. Et pourtant les jours rallongent, hein, bébé. Il y a un voyant lumineux, là sur ma gauche. Je viens de l’apercevoir, alors que mon champ de vision l’avait oublié. Téléphoner à mon père. Aller sur le blog de Léo Scheer. Pourquoi j’ai mal à l’aine depuis quelques semaines ? Pourquoi ? Et à la nuque, de plus en plus. En finir avec Jérôme, ce sale bouquin salement fabuleux. Il a dû en voir, Jean-Pierre Martinet, le pauvre. Quelle était l’idole absolue de Jan Akkerman ? Qui l’a inspiré ? Nettoyer cet écran, on voit plus rien. Et cette cervelle sur le capot. Screen & Keyboard Cleaner. Office Dépot. Flacon à « garder hors de portée des enfants ». Et que faire maintenant. Attendre. Qui a envoyé une balle a Sarkozy ? Ça doit faire drôle de recevoir une balle par la poste. Renvoie la baballe Nicolas ! Renvoie la 38 Special à tonton. Petite suée quand même sur ton front, Nico, non ?  J’imagine très bien la goutte couler entre deux rides d’inquiétude. Et tes mains moites de Président qui referment l’enveloppe, tremblantes mais chut. Chuuut. On envoie tout au labo pour analyse. Ce riff de guitare dans le ciel qui se referme. Ou qui s’ouvre à la nuit. Non, tout se referme. Les enveloppes, les ciels, les couvercles, tout. Et les espoirs, la plupart du temps. Julie qui me lisez, vous voyez, hein. Tout se referme. C’est peut-être mieux, finalement. Vous êtes cuisinière, Julie ? Il y a une, deux, trois, peut-être plus que trois Julie qui vont lire ces quelques lignes. Vous faites aussi la compote l’après-midi, vous ? Ou vous, Julia ? Et vous Juliana ? Je… Non, rien. Ça me lance dans la cuisse, à l’instant. Sans doute suis-je mal assis, sur cette banquette.
Que reste-il à écrire. Pourquoi. Que faut-il écrire. Qu’est-il bon d’écrire. Souhaitable. Croiser des regards, se faire croiser les idées. Quelqu’un a dit que j’étais nihiliste. C’est pas tout à fait faux ; mais je construis. Je n’irais pas jusqu’à dire que je bâtis, ça non, j’en serais bien incapable, mais je construis, ça oui. J’ai toujours cru que c’était Sergio Leone qui avait fait Mon nom est Personne. Eh bien non : lui il n’a eu que l’idée, c’est tout. C’est déjà pas mal. Le réalisateur, c’est un mec qui s’appelle Tonino Valerii, tombé dans l’oubli. Le produttore, Fulvio Morsella. En 1973. Prends des notes, Julia, ça c’est des infos capitales, c’est pas de la rigolade. Zaap. Parfois je me demande, comme ça, vers quatre heures du matin, pendant une insomnie, que fait Eddie Quinn, chef machiniste sur L’Exorciste, le film de Friedkin. (1974.) Je veux dire, ce qu’il fait là en ce moment, trente-cinq ans plus tard, pendant que je ne dors pas. A quoi est-ce qu’il pense ; quelle pensées – saugrenues, érotiques, s’il en est – l’habitent, à Eddie, à cette heure-ci, de l’autre côté de l’Atlantique. S’il aime la compote de pomme avec de la cannelle. S’il s’est masturbé avant de s’endormir, tout seul, dans son grand lit de machiniste. Peu probable qu’il m’entende, c’est dommage. Ne pas répondre au téléphone. Ça sonne. Non. Rester là au milieu des stridences et des odeurs de cadavre. L’idée d’un machiniste seul me rend triste. J’aimerais être une mouche et asseinir sur le bout du téton de qui ? De qui ? Imagine.  T’es là, avec tes petites pattes de mouche. Et tu te poses sur un sein. Tu asseinis juste sur la pointe. Et tu commences à danser doucement sur ce bouclier de peau marron. Domiane Hodge-Molarski ne s’en aperçoit pas. Elle, elle bronze. Elle croit qu’elle est tranquille. Que le monde lui fout la paix. Elle est à poil avec ses Ray-Ban. Elle brille d’huile, cette salope de Domiane. A poil, la girl, et toi t’es la mouche. En plein soleil, qui danse. Tu ne vois pas l’ombre qui bientôt va te recouvrir. L’ombre de la lame. Tu continues à danser, comme une mouche dansante. Tu ne vois rien arriver, sur ce sein gauche. T’es une grosse mouche naïve, un peu paumée, qui a besoin de se dépenser. Et qui va bientôt être coupée en deux par une lame pressée. Pourquoi t’arrêtes, Jan ? Pressée d’en finir avec un coeur. Continue, Jan, joue, joue. Joue contre joue ! Joue jusqu’au sang ! C’était bien, c’était kiphant, ta zique ! c’était ailleurs et c’était phort, bouleversant ! Unique. La musique. Le soleil à nouveau. Ah ! Barbapapa, Messieurs et Dames ? C’était pas trop long ce voyage d’ombres ? La lumière, il était temps. Fais-moi goûter. Je veux du sucre, maintenant.


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