Archive for the ‘People’ Category

L’ivre de Z.O.B

20 juin 2010


Septembre 2012. Paris VIe arrondissement, Saint-Germain-des-Prés, vers 17 heures.
Dans le silence capitonné d’un bar d’hôtel, un homme seul, petite soixantaine étriquée, est assis à une table, un peu à l’écart. Il mange avec lenteur des oeufs brouillés.
Son iPhone 6G se manifeste discrètement au fond de son veston. Dans un geste mesuré, il prend l’appel.

– Allo.
– …
– Allo ?…
– …
(Bruits de respiration, à l’autre bout du fil…)
– Qui est à l’appareil ?
– …
– Je vais raccrocher. Allo ?
– … Mickael ?
– Oui, qui est–ce ?
– … Je viens de finir votre livre…
– Mon livre.
– Oui !
– Z.O.B ?
– Oui !
– Et ?
– C’est inadmissible !
– Inadmissible. Bien. Qui êtes-vous, je vous prie ?…
– …vos théories ! Tout ce fatras humain ! qui souffre !… Et ce sexe, partout ! Quel désastre ! La fin du Monde !… C’est terrifiant !…
– Ok, ok… Comment avez-vous eu mon numéro d’abord ?… Vous êtes critique littéraire ?
– …
– Allo ?…
– Je suis Dieu.
– Allons donc. Vous êtes Dieu et moi je suis un vilain pécheur, c’est ça ?
– …
– Bon… Ça vous a pas plu ce livre… C’est fort possible, remarquez… Pardonnez mes offenses Seigneur !… (Il étouffe un rire bref…)
– Vous allez entendre une déflagration.
– Une déflagration ?
– … Une déflagration et puis plus rien…
– C’est à dire ?…
– Plus rien vous entendez !
– Mais…
– Plus rien après la déflagration !
– Ecoutez monsieur… Vous allez déjà me dire qui vous êtes… D’accord ?
– …
– Et… qui vous a donné mon numéro… Je… J’aimerais d’abord vous situer vous comprenez… Vous…
– Vous êtes un dangereux mécréant Monsieur Wallbook ! Un envoyé de l’Enfer !
– Allons, allons… En plus vous tombez mal j’ai une séance de signatures dans un quart d’heure, j’allais m’en aller…
– … Salaud ! Suppôt de Satan !…
– Oh là, oh là… On se calme… Vous me paraissez bien agité… Voyons… Euh… Qu’est ce qui vous tourmente comme ça ?… Vous l’avez vraiment lu ce livre ?… Jusqu’au bout ?… Il y a un peu de lumière à la fin quand même… Une lueur d’espoir… Non ?
– …
– Vous trouvez pas ?…
– …
– Dites-moi quelque chose, je vais devoir raccrocher… C’est une farce ?… Non, franchement, c’est stupide ce petit jeu…
– J’ai un Glock.
– Un Glock ?… Qu’est-ce que c’est que ça encore ?…
– … avec une 9 millimètres Parabellum dans le canon… pas loin de la tempe…
– Ecoutez cher monsieur… Si vous êtes Dieu, vous allez parfaitement maîtriser la situation n’est-ce pas ?.. et tout va s’arranger, vous allez voir… Je…
– On va rien voir du tout !… Vous êtes un fumier, voilà l’histoire !… Un
fumier qui a complètement anéanti mes projets !… C’est abominable ce que vous écrivez sur le sexe ! Abominable et… et… et dégueulasse !
– Comme vous y allez… Non, vraiment… Je vous en prie détendez-vous! … Je suis très ouvert au dialogue vous savez… Je vous assure… Je… J’ai pas beaucoup de temps là mais je vous promets…
– Ha ha ha ha ha !… Eh Mickael !!!… Eh man !… Rilax!… Cool ! …. On s’décontracte !… Tu vas bien ?….
– … !!!…
– C’est MOI, Mickael !…
– … François ?… T’es con toi alors…. je reconnais pas ta voix…
– …
– C’est toi François ?…
– … Comment qu’elle va ta chemise à carreaux ? Bien repassée ?
– … ?!?…
– Hé Mickaeeeeel ! …
– J’apprécie pas du tout… Qui que vous soyez !… C’est quoi ces conneries ??
– Ben quoi ? Tu t’es fait opérer du sens de l’humour, fils ?
– Je trouve pas ça drôle. Vraiment ! C’est même tout à fait déplorable… Je ne sais pas qui vous êtes… Ni qui vous envoie… Vous m’insultez… C’est facile. (…) (Il entend des gémissements de l’autre côté, comme des sanglots étouffés…) (…) Allo ?… Vous êtes là ?… Allons… remettez-vous, quoi… Je suis désolé si…
– Vous en avez dans le pantalon en tout cas !… Rien ne vous fait peur Mickael !…
– Qu’est-ce que vous lui voulez à Mickael, merde à la fin !…
– T’en as une grosse ?…
– Je vous demande pardon ?!…
– Comment elle est ?…
– …
– Allez dis!…
– Bon… Là ça devient grotesque. Je vais vraiment raccrocher…
– Minute ! c’est pas fini… Tu connais le nitrate d’ammonium, fils ?
– … Pas plus que ça… Pourquoi ?
– Tu veux plastiquer l’Islam… la guerre sainte, tout ça… et tu sais pas ce que c’est le nitrate d’ammonium ?… Ben dis donc, fils !… Faut te renseigner !
– QUI est à l’appareil ??? Dites-moi au moins qui vous êtes, enfin !
– Y a un pote à moi, Farid, dans ta librairie à la con… y s’balade au milieu des chefs-d’oeuvre de la rentrée littéraire… Wha ha ha ha… Paraît qu’y a un monde fou qui t’attend… des belles gonzesses… jeunes… J’suis en contact direct avec lui…
– Et ?…
– Et y a deux trois kilos de nitrate qui traînent dans son costard à Farid !… Suffit d’un rien pour que ça pète ce truc… Une petite contrariété… Enfin ch’te dis ça, fils… c’est toi qui vois !…
– C’est des conneries ou quoi ? Qu’est-ce que vous voulez putain ? (Il sort un mouchoir, s’éponge le front…) Ça commence à bien faire je vais appeler la police…
– Avec quoi, fils ? Tu raccroches, tu fais un faux pas, et ta librairie elle  est pulvérisée.. comme à la page 340 tu te souviens ?… Et arrête de faire des grimaces au barman… arrête de bouger !…
– Ça va, ça va… Vous êtes où, là ?… C’est quoi le deal ?… (Il se lève, éprouvé, scrute les alentours, cherche une aide improbable, un regard…)
– Y’a pas de deal, fils… Allah négocie pas avec les intellos dans ton genre… J’ai dit bouge pas, tu bouges pas !…
– … Qu’est-ce qui me prouve que vous…
– Attends, fils, j’te passe une admiratrice, attends… (…) Allez parle salope !… (Une voix féminine, apeurée, remplace celle de l’inconnu…)

–…Mi…Mi..ckaeeeel !…. Je vous en priiie !… Faites… faites ce que…

– Oui ??… Dites-moi !… (Un coup de feu, à l’autre bout du fil, le fait sursauter…) Allo ??? Qu’est ce qui se passe bordel ?!! Qu’est-ce que vous foutez putain de bordel ?!! (L’inconnu reprend le combiné.)
– Y s’passe que la cervelle… Je viens de changer la moquette… Ça m’embête ces taches, fils… Ça me désoblige un petit peu… Tu vois ?
– Mon Dieu !… (Il se rassoit, livide, se tenant à la table…)
– Comme tu dis, fils… Ton Dieu… Tu m’as pas répondu tout à l’heure…
– Comment ça ?…
– Got a fuckin’ big ?… T’en a une grosse, fils ?
– Une grosse ??… Vous voulez dire…
– Oui…
– Euh… ben… ça va…
– Plus grosse que tes p’tits bras ?
– C’est quoi ces questions…
– Tu peux nous montrer ça ?
– Hein ? Comment ça ?… Ah !… j’ai un double appel… excusez-moi un instant…
– Stop fils ! Réponds pas !… Tu’m prends pour un bouffon ?…. Sors-la !…
– Quoi sors-la ?
– Ta queue. Tu la sors ta queue de branleur et tu commences à te branler…
– … Je suis dans un bar !
– Je sais. Justement !… Sors-la j’ai dit !
– Mais…
– Y a pas d’mais… Elle est comment ?
– Euh…
– Tu bandes ?
– Non.
– Allez !
– Pas facile.
– Fais un effort.
– Non mais c’est quoi ce délire franchement ?… Où êtes-vous ?
– Ferme-la et bande, fils !
– Je peux pas… Enfin… si.. ça commence…
– Te fous pas d’ma gueule ! Tu vas sortir de ton hôtel la queue à l’air, vu ? Si je vois rien, BOUM !!!… T’as quoi comme pantalon ?
– Un velours côtelé bleu marine.
– Parfait, ça va bien contraster. Je veux une massue t’as compris, fils ? Une massue rose sur fond bleu marine…
– Je vous garantis rien…
– Qu’est-ce que j’ai dit Mickael ?…
– Je ferai ce que je peux…
(Il ouvre sa braguette, en extrait à grand peine une verge totalement flasque…)
– Et pas de geste brusque ou quoi que ce soit… j’t ai à l’oeil… Tu sors, tu traverses la rue en t’astiquant le chibre, ok. Direction la librairie…
– Vous êtes vraiment….
– Aggrave pas ton cas, fils… Allez z’y va ! tous tes fans t’attendent… Et raccroche pas surtout ! T’écoutes mes instructions !… Autrement ?!…
– …
– Autrement ?!…
– … Ben euh.. Boum ?
– C’est ça !!! BOUM !!! Tu vois quand tu veux !… Et mets l’oreillette…
(Mickael Wallbook se lève, s’exécute, visage tendu, sexe un peu moins… Il se dirige vers la sortie, comme téléguidé, ignorant les rares clients hébétés… puis se lance sur le trottoir, parmi les passants…)
– Je… je continue jusqu’à la librairie ?…
– Ch’te dirai…. Marche, fils… marche ! C’est bien… T’es dans la Lumière d’Allah… (…)
– (…) Je traverse au feu, là ?
– Ouais… traverse… mets bien le bassin en avant… voilààà !… Magnifique !… Ha ha ha…
(Un peu plus loin, Wallbook se fait interpeler par un gardien de la paix.)
– Attendez y a les flics !… allo ?
– …
– Je fais quoi ?
– C’est bon tu peux ranger ta murène, fils, on a ce qu’il faut… Allez… Bonnes dédicaces et merci pour le scoop !
– … Allo ?… Allo ??… Merde…
(L’inconnu coupe la communication. Mickael Wallbook adopte instinctivement une posture plus décente… Quelques instants plus tard, un véhicule de la police s’arrête à sa hauteur…)

* * *

LA NOUVELLE FRANCE, 11 septembre 2012
(édition du soir)

Mickael Wallbook arrêté jeudi à Saint-Germain-des-Prés.

Alors qu’il s’apprêtait à se rendre à une séance exceptionnelle de signatures au milieu de ses plus proches fidèles pour fêter la sortie européenne de « Zéphyr, Ombres, Bonheur », son dernier opus–evènement, Mickael Wallbook, le sulfureux et cultissime auteur franco-irlandais de « La Tartelette méritoire » (Prix Méditerranée 2010), a été appréhendé par la police hier en fin d’après-midi, non loin du fameux Café de Flore. L’écrivain, de toute évidence ivre, déambulait dans le quartier – un des plus animés de la capitale – « la bite au vent », pour reprendre la jolie expression d’un témoin effaré. En semi-érection, le visage cramoisi, il semblait aux dires de certains « pas entièrement maître de lui-même, bizarre », « comme soumis à une étrange force… ».
Les images du délit, prises par des badauds et immédiatement diffusées sur le net, ont rapidement fait le tour des rédactions et, évidemment, de la planète – est-il nécessaire de souligner que Wallbook, traduit en soixante-neuf langues, connaît une admiration et une influence grandissantes.
Refusant d’obtempérer aux injonctions d’un agent qui se trouvait sur place, c’est manu militari que l’interessé à été emmené quelques instants plus tard par les forces de l’ordre ; non sans avoir tenté de justifier les raisons de son comportement erratique – érotique diraient certains –, notamment en hurlant qu’un kamikaze néosalafiste allait faire sauter la librairie La Hune, où il était attendu quelques dizaines de mètres plus loin. Poussée délirante qui semble bien confirmer la thèse de la consommation immodérée d’alcool, voire d’une autre substance psychoactive.
Une enquête a été ouverte, mais il est vraisemblable que l’attentat à la pudeur sera le principal chef d’accusation retenu, d’autant que de nombreux enfants se trouvaient sur les lieux, ainsi qu’on peut l’observer sur les édifiants clichés en circulation. A l’heure où nous imprimons, Mickael Wallbook serait encore en garde à vue, ainsi que nous l’a annoncé Jean-René Abdelaoui, son avocat.
Kinésithérapeute de formation, Wallbook commet en 1994 un premier roman remarqué, « Les tensions du dos mènent à la chute », puis obtient la reconnaissance du public quelques années plus tard avec « Articles épars et mules austères », objet très vite culte, mêlant subtilement essai gastronomique, science-fiction, et misère sexuelle. Suivront « Flat Porn », ode aux grands voyageurs musulmans, tout de délices et d’espièglerie, « l’Impôt ciblé du Nil », qui marqua moins les esprits, puis « la Tartelette… » il y a deux ans, qui emportera alors l’adhésion internationale à l’unanimité, malgré le courroux de la consternante “Collégiale des Fils de Phébus”. (Le film éponyme, Palme d’Or à Cannes en 2011 et que l’auteur réalisa lui-même avec un téléphone portable – après l’échec de l’adaptation de son livre précédent –, n’eut pas moins de succès.)
Wallbook nobélisable ? Telle est la question qui fait couler beaucoup d’encre et de fiel ces temps-ci, autour de la parution de son fort courageux dernier roman. Espérons que la sottise de notre burlesque héros national, dont on ne compte plus les facéties, ne mette pas en péril cette ultime consécration.
Quoi qu’il en soit – et à l’instar des provocations d’un Gainsbourg ou d’un Bukowski – l’incident de jeudi saura faire parler de celui qui, non content d’être considéré comme un écrivain de génie, peut d’ores et déjà se réjouir d’être intronisé Roi du néomarketing.

(Article signé : Allison Orioscu.)

La Méthode Luftenberg

15 mai 2009

balance perso

La Terraillon, ce matin, est cinglante : 102 kg. Françoise Duplon n’y croit pas. Furieuse, elle descend du plateau, fait une courte pause, remonte : 102,5, accuse alors le cadran, intraitable. Bienvenue dans les nombres à trois chiffres ! Non. C’est pas possible. Elle déconne complet cette balance. Quelle saloperie. Quatre kilos en dix jours. C’est pas possible. Bon, c’est vrai on s’est lâchées avec Odette, sacrément, ils cuisinent bien ces saletés de Tunisiens. Mais gras, gras. Et sucré, beaucoup trop. Leur buffet à volonté. Saloperie. A volonté. C’est la dernière fois qu’on part là-bas. La toute dernière. Chier de chier de merde. J’aime pas la salade de toute façon, c’est ça le problème. La verdure a pas de goût. Même avec de la feta j’aime pas ça. Mais quand même. Quatre kilos. C’est dégueulasse. Jamais passer la barre des cent, je m’étais pourtant jurée. Tu parles. Je me déteste. De la tête aux pieds. Regarde-moi cette panse d’hippopotame. C’est affreux. Il va falloir que je « passe à l’action » comme ils disent sur auféminin. Dès midi, c’est régime sec.

Kurt Luftenberg est designer. C’est un phénomène : en treize mois, il a perdu 47 kilos. Objectif « très largement atteint », selon les dires de son nutritionniste, d’autant que depuis cinq ans son poids est « stabilisé ». Inutile de préciser que son séant ne déborde plus des chaises anorexiques qu’il dessine depuis maintenant trois décennies. Dans ses bureaux de Londres, New York, Dubaï et Tokyo, le monte-charge n’est qu’un vieux souvenir :  Kurt Luftenberg goûte désormais au vif plaisir de prendre les escaliers quatre à quatre lors de ses aériennes visites. Léger, « redessiné », libre. Une magnifique victoire, applaudie par tous.
Kurt Luftenberg, Comte de Weltz, arrière-petit-fils du Roi Petzi de Walkyrie, est un homme de poigne, d’aucuns disent de rudesse. Ce qui n’ôte rien à la sûreté de son goût, rien non plus à sa germanique noblesse. Son entourage l’admire, le vénère même, mais craint fort son courroux. Rien ni personne ne lui résiste. C’est un vainqueur. Aussi décide-t-il, un mémorable lundi de printemps, en séducteur avisé, de mettre un terme à « l’encombrement pondéral » qui l’essouffle trop vite en période de rut — il pèse alors plus du double quintal et ça le gêne. Nous sommes en 2003. Il réunit ses collaborateurs au QG de Düsseldorf pour un conseil de guerre. Où il sera question, bien entendu, d’image. Il s’agit non pas de faire un régime — surtout pas, quelle disgrâce ! — mais de mettre au point la « Méthode ». Méthode Luftenberg d’ « inhibition fonctionnelle » qui fera le tour du monde, comme chacun sait.

Françoise Duplon, quant à elle, est pour ainsi dire une vétéran des régimes « yoyo ». A quarante-deux ans elle a tout essayé. Tous les régimes. Le régime « hyperprotéiné », par exemple. Viande, poisson, oeuf, du matin au soir. Cyclique, mais on peut inverser : poisson, oeuf, viande. Pas le moindre petit bout de pain. Pas la plus petite croûte du plus arriéré des fonds de boulangerie. Exit les éclairs au café, les pâtes carbo, le truffé au chocolat, la Häagen Dazs caramel. Viande, poisson, oeuf. Un enfer. Ah si quand même, juste un peu de crème pour faire passer. Au bout de trois jours vous commettez un meurtre. Le régime « Hollywood », elle a essayé aussi : oranges, ananas, kiwi, pastèque, bananes (ouf), papaye, etc., 24h / 24. A proximité des toilettes si possible. Intenable sans sphincters musclés. Oublie. Le régime « mayo », tiens. Eh non les filles : mayonnaise interdite ! : que des oeufs ! 10 par jour ma poule ! Artères obstruées en quinze jours. Arrêt cardiaque si poursuite effrénée du supplice. Stoppé au bout d’une semaine épouvantable. Il y a eu l’époque du Weight Watchers, aussi. « Watcher », en anglais, ça veut dire « regardeur ». Regarde comme t’es moche ! Comme t’as pas maigri ! Vilaine ! On est en groupe. La honte si t’as pas perdu au moins cinq cents grammes la semaine. Le régime au fouet psychologique c’est. Terrifiant. Et les participants ont l’oeil, attention ; la langue fourchue lors des tordantes « réunions de contrôle ». Faut aimer. Et Françoise Duplon, qui y a laissé deux mois de salaire, a fini par abandonner. Même si diététiquement c’était « pas si mal ». Bref, elle a repris les six kilos perdus. Et de beaucoup. Ensuite ? Régime « fourchette », régime « couleurs », régime « bulles », régime « flex », régime « cubes »… Tous. Même le Demis Roussos. Et le Montignac. Tout essayé. Rien à faire. Ça yoyote. Moins cinq, plus six. Moins trois, plus quatre. Il y a eu malgré tout un moins treize… plus onze ! mais en général ça finit toujours par grignoter dans le mauvais sens. Saleté de yoyo.

Quel régime pour Françoise Duplon, qui vit avec trois enfants, divorcée d’un maçon, en emploi précaire ? Quel régime, tu veux me dire ?

Kurt Luftenberg a la grâce féline des créateurs à qui tout réussit. Une classe folle, une élégance, qui participent pleinement de sa réputation. Outre ses quatre lieutenants qui l’assistent en permanence, c’est très entouré qu’il a choisi de mener tambour battant son « extraordinaire amaigrissement » : nutritionniste, diététicien, cardiologue, cuisinier étoilé, designer culinaire, psychologue, coach sportif, maître yogi, podologue, astrologue, géologue, sans compter l’incontournable Ruedi Holzer, acheteur « bio » pour le Grand Marché. Une fine équipe de spécialistes en somme. De renommée internationale pour la plupart. Et puis c’est une question de volonté de toute façon. Eh oui, de volonté. Ça tombe pas du ciel : Kurt Luftenberg est précisément un homme de grande volonté. C’est d’ailleurs grâce à lui, grâce à son légendaire jusqu’au-boutisme, que toutes les « bonne librairies » du monde (et même, avouons-le, quelques « grandes surfaces ») proposent depuis quatre ans la « Méthode Luftenberg » dans leur assortiment « minceur ». Succès planétaire — quoique la « méthode » ne soit pas simple à gérer, à moins d’y consacrer tout son temps en courses, préparations fastidieuses, pesages rébarbatifs, mesures et autre  « règle de trois ». Aucune importance : Witold Horstbach, patron de Crispa Presse, ami intime de Kurt, est là pour assurer une diffusion massive de l’ouvrage miracle. Kein problem Herr Luftenberg. Un redoutable génie, ce Kurt. Dans tous les domaines.

C’est dans un long soupir d’espoir que Françoise Duplon glisse « La Méthode Luftenberg » dans son caddie, entre le jambon d’Aoste et le cake aux raisins. La belle couverture chic avec « vu à la télé », ainsi que le commentaire avisé du Dr.Cohen (le Monsieur Plus de la béatitude acalorique), ont eu raison des réticences émises par Odette, son amie de toujours. « Non tu te trompes là, Odette, 47 kilos c’est quand même super. Regarde comme il est beau ce Kurt, avec son costume. Si moi j’en perds la moitié, ça sera déjà pas mal. »

Ainsi vont les bateaux, sur les eaux noires du monde crédule.

Presque rien

11 mai 2008

On est samedi. Non dimanche. Non : vendredi. On est vendredi oui. C’est ça. (Quel con.) Hier soir j’ai dîné avec Monica pour la dernière fois. Enfin presque la dernière fois pour être honnête : elle a mes clés. Important d’être honnête. De nos jours. Ça se perd l’honnêteté, la sincérité. On finit par raconter que des conneries si on fait pas attention. A en lire aussi. Partout. Bon. La première fois que j’ai vu Monica Bellucci – si si : Bellucci – ce devait être dans un journal de mode ou de cinéma. Elle était jeune. J’ai tout de suite été attiré par elle. Son regard de pélican. Noir et doux en même temps. Peu de monde est au courant. On se voit de temps en temps, avec Monica. En cachette. J’en peux plus de garder secret ce secret. L’autre, là, n’est pas exactement au courant mais c’est comme ça. Monica et moi on vit un truc énorme. Enorme ! même si j’ai dû hélas écourter notre affaire. Enfin voilà. Mon entourage – ma femme par exemple – n’a jamais rien vu. Absolument rien. Ils ignorent totalement que j’ai une autre vie. Qu’il m’arrive (quand j’ai un peu de temps) d’aller échanger quelques balles avec Alain Delon, vers 18 heures le jeudi. Qu’il y a trois semaines, alors qu’on me croyait alité avec force fièvre, j’étais chez Johnny avec Amy (Winehouse) et Flavia Lefèvre – là je tiens à être très clair, Johnny n’est de loin pas mon chanteur préféré. Oh ça non. Mais il a un sens de l’hospitalité extraordinaire. Inimitable. Il met les petits plats dans l’écran (comme je dis toujours), quand un pote même pas cathodique se pointe à l’impro avec une ou deux amies. Longue histoire Johnny et moi. Une amitié d’hommes c’est quelque chose. On en parle nulle part évidemment de cette amitié. Ni de toutes les autres d’ailleurs. Gala, Match, Closer, Télé machin, tout ça, ils râclent que la surface des choses. Faut dire qu’on leur donne bien que les graines qu’on veut à ces oiseaux-là. Faut pas croire.

Il y a toute une information souterraine. Personne ne sait rien au fond. Je veux dire : des vraies choses qui se glissent entre les « news ». Et qui modifient sensiblement les comportements des gens importants. (Pourquoi unetelle a quitté untel. Pourquoi le mariage de ces deux-là a-t-il été reporté à la dernière minute. Pourquoi B.S a tellement grossi. Et-tsé-terra.) Toute une information souterraine, essentielle, échappe aux médias et aux mouches. Vous ne savez, en somme, presque rien. Juste la pointe brillante et glacée de l’iceberg – si massif. Ridicule, ce qui vous est connu. C’est qu’il s’en passe des choses que vous ne savez pas. Ah si vous saviez ce que vous ne savez pas ! Hallucinant ! Moi-même au début ça m’a proprement estomaqué tout ce qui nous échappe ! Tout ce qu’on ne nous dit pas. Ou qu’on est incapable de nous dire. Et que je n’aurais jamais su si je n’avais pu obtenir la %#*§&#@ à temps. Avant que ce soit interdit. Dingue que j’aie pu moi échapper à tout ce que vous savez. Profiter benoîtement de cet interstice.

Il est libre les filles !

19 octobre 2007

sarkomeetic.jpg

Depuis hier, L’Elysée s’est associé avec l’indécrottable site de rencontres Meetic pour trouver rapidement une nouvelle compagne à Nicolas Sarkozy, Président de la République fraîchement divorcé. Une photo fringante, où il apparaît rajeuni, a été choisie pour illustrer la page d’accueil du site – en alternance avec les illusoires mannequines de service, totalement inaccessibles et pas inscrites, elles, faut pas déconner –. et ainsi répondre à une double nécessité : celle qui d’une part consisterait à colmater dans l’urgence la brèche que représente historiquement le célibat affiché d’un président de la Ve République, et celle qui d’autre part tenterait d’équilibrer le quota mâles-femelles du site en question (10 pour une environ, au bas mot) en attirant, une fois n’est pas coutume, un max de nanas (qui recherchent toutes, faut-il le rappeler, un prince charmant équilibré, fidèle, pas obsédé du tout, avec une bonne situation et une haleine fraîche en permanence – et qui pue pas trop des pieds si possible).
Avec le grabuge qui s’annonce, m’est avis qu’on est pas loin de l’alerte rouge chez Gala, Closer, Voici et autres torche-poils à sensations ; depuis hier, les journazzis et les paparalistes bouffent des corn-flakes et de la vitamine C à la louche géante. Faudra bien ça.

Personnellement, le coup du sage président marié – jolie façade avec geraniums – me semble d’un autre temps, un temps très vieux, qui ne saurait correspondre à la modernité, la nôtre (nous jeunes fous polygames hypersexués, avec nos bites en kevlar), qui nous dicte : Eclate-toi ! Travaille plus pour gagner plus ! et pour baiser plus surtout ! Plus plus plus plusss plussssssss (alope!) (de vie…)

Tag your friends !

12 octobre 2007

photo-0720.jpg

On dit que le très couru MySpace serait détrôné par Facebook, fringant outsider anglosaxon (évidemment) ; qu’il est désormais limite ringard de s’inscrire sur le premier, alors que la technologie du second répond avec pertinence à tout ce dont toi, petit internaute rézophile, tu as besoin (Non, pas vous ho, lui, là, avec les Oakley miroir…) : Mega espace pour tes photos de lapins, tes videos sexy, tes chagrins, ton manger, ton dodo, ton caca, et surtout tes nombreux zamis ! Que désormais tu vas pouvoir tagger ! (de « tag » qui veut dire étiquette…) Et ça ça vient de sortir du labo, cette possibilité ! Avant on pouvait tagger les articles, les sujets, les marchandises, et maintenant ont va pouvoir tagger les zamis ! les zumains ! Par exemple, tape : « New York – baseball – chicken – yellow – girl – tall  » et hop, t’as direct la liste de tes zamies asiates newyorkaises, fan de baseball et de Nuggets… et de plus d’1m70 !… C’est pas beau ça ?! Parce que bon, je sais pas si t’as essayé d’y voir clair dans MySpace quand t’as 21391 amis, comme moi Bjork, mais depuis qu’elle a transféré tout ce petit monde sur Facebook, c’est quand même plus pratique ! Tape :  » con – France – raciste – pitbull – rasé » et hop ! voilà que devant ta face se pressent tous tes zamis du (***parti politique***) pour aller faire un barbe-cul ! Si c’est pas une belle invention ça ! C’est du progrès social ou je m’y connais pas !
Quoi qu’il en soit, la vérité c’est que moi j’ai presque plus d’amis. Plus que quatre en fait, qui roupillent dans le répertoire exsangue de mon téléphone portable. Quel drame. (mais l’ébruite pas, hein, j’aurais l’air con.) Par contre j’en connais du monde, ah ça ! de Kuala Lumpur à Shefferville, en passant par… par où tu veux…
J’ai comme qui dirait un « putain de réseau ».
Et toi?


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