A lire les articles traitant du « pouvoir d’achat » des français et de sa résolution sarkozyenne tout à fait illusoire, j’ai constaté avec un certain étonnement qu’un aspect important du problème n’avait pas été abordé : le pouvoir « psychologique » d’achat. Autrement dit le désir d’achat. A l’approche de Noël en particulier, tout est fait pour que ce désir soit porté à son paroxysme (et sa satisfaction remplacée immédiatement par un nouveau désir, dès janvier.) Offres alléchantes, boîtes à lettres pleines, bombardements publicitaires, hyperchoix de marchandises, bousculades consuméristes en tous genres.
Achetez ! Achetez ! Achetez ! (mais soyez libre, hein.)
Bon.
Le pouvoir d’achat c’est ce qui reste, grosso modo, quand vous avez payé le loyer, la bouffe de base, les factures télécom et tout ce qui est obligatoire (le remboursement des crédits par exemple). C’est cet – éventuel – petit pécule qui va vous permettre de partir au ski, d’acheter un ipod, ou de changer la moquette. Inutile de dire que pour la majorité des français ce « pouvoir » est plutôt faible. Et la frustration d’autant plus forte que le désir, soigneusement aiguisé par les guerriers du marketing, est grand. Immense même.
L’indice des revenus ne va pas bouger de sitôt. Comment, dès lors, faire varier psychologiquement l’indice des prix à la baisse ? Ainsi, avoir l’impression de voir son pouvoir d’achat, étrangement, augmenter.
On peut attendre les soldes. Ne pas sortir le moindre billet avant. (Le prix d’un « beau livre » a une durée de vie de plus en plus courte. Idem pour les vêtements. Chute de 50 à 80% avant/après Noël assurée.)
On peut s’intéresser aux mille choses qu’on a déjà. (Tous ces romans, ces magazines qu’on a pas encore lus ; ce lecteur DVD, dont on n’a pas exploité le 10e des possibilités ; ces bottines sublimes, là-bas en dessous, qu’on a mises que deux fois ; etc.)
On peut tâcher de « désapprendre le désir », façon bouddhisme. (Rester hermétique aux offres, fermer un peu les yeux, manger des pommes, se détendre dans l’azur. Dire non.)
On peut se dire que le Père Noël, ce rubicond vicelard inventé par Coca-Cola (si si !) commence à nous les briser menu et que bon, pour cette année, à part la dinde (et encore) c’est niet.
On peut se gausser de Saint-Nicolas. Le convier à venir accompagné d’un boeuf, pour souffler sur Little Jesus. Et faire un feu de joie.
On peut, finalement, se le fabriquer soi-même son pouvoir d’achat. Non ?