« HYROK » (I)

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« Note HRV : Mon père repartit donc avec son « magnifique noir et blanc » sous le bras, mâchoire serrée, mots doux plein la tête, comme à son habitude.
Un des paradoxes les plus frappants de la société de mode et d’abondance du début de notre siècle, tenait en ce qu’un atout pouvait se changer en infirmité en un clin d’oeil. Ce qui était « in » un beau matin, pouvait être « out » le soir-même. Dans les domaines dits « créatifs » surtout, le client-roi cherchait systématiquement des spécialistes réactifs qui devaient répondre à une problématique précise (il en trouvait toujours vu le nombre d’aspirants). Or ces
spécialistes, à qui plusieurs années avaient été parfois nécessaires pour mettre au point un savoir-faire censé les démarquer de la concurrence, se trouvaient pour la plupart dépositaires d’une spécialité, d’une technique dont la durée de vie sur le marché n’excédait pas une saison ou deux. Marché dont il n’est pas inutile de rappeler la finalité essentielle : « SATISFAIRE SANS DELAI ». En conséquence, si les retombées financières n’étaient pas importantes et immédiates pour ces fragiles acteurs (c’était rarement le cas), la perte de temps – d’argent – était considérable, souvent fatale. Et il ne leur restait plus qu’à mettre leur spécialité au rebut. À tâcher, aussi, d’avoir assez d’énergie et de moyens pour en élaborer une autre s’ils tenaient à « rebondir » pour rester dans la course. (Sans compter que le très craint « point de notoriété zéro » pouvait guetter n’importe quel acteur autrefois consacré.)
Si bien que dans les années qui suivirent, et de l’avis de certains observateurs, l’acquisition d’une compétence pointue voire simplement d’une vraie originalité, fut souvent qualifiée de démarche intrépide, mais surtout d’inadaptée car de moins en moins productive.
Rappelons aussi qu’à cette époque, la notion même de
projet – artistique ou non – se trouva peu à peu caduque, toute dissoute qu’elle finît, dans l’ immédiat du temps liquide et de la révolution numérique.
De nombreux « créatifs » connurent tous ces problèmes. En particulier ceux qui ne disposaient pas d’un arsenal marketing ou relationnel suffisant, tel mon père. »
(Extrait de « HYROK », roman à paraître,  téléchargeable dans sa version « manuscrit » sur le site des éditions Léo Scheer, en passant par ICI.)

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3 Réponses to “« HYROK » (I)”

  1. Filou Says:

    Téléchargé. J’en suis à la page 145, j’aime beaucoup… irai vous descendre en flamme ou vous encenser sur le site de l’ami scheer (pour l’instant ça sent plutôt l’encens niveau écriture en tout cas…)

  2. Nicolaï Lo Russo Says:

    Espérons que l’encens vous plaise jusqu’à la fin de la combustion… Merci déjà pour votre lecture et ce que vous dites.

  3. SMIDA Says:

    111111111 smida hellllllllllllllllcoooooooooooooommmmmmmmmmmmmmmmm

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