Paradoxe

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©Jean-Marie Campagnac

Dans notre société de la complexité et de l’hyperchoix, il est un paradoxe remarquable : Pour être efficace et compétitif dans un domaine, que ce soit un domaine scientifique, économique, artistique, peu importe, il faut en connaître toutes les arcanes, toutes les subtilités ; or celles-ci sont de plus en plus labyrinthiques et complexes, progrès aidant ; elles offrent en elles-mêmes mille chemins à connaître, qu’il faut un temps considérable et incompressible à parcourir, à explorer. D’un autre côté, cette même vaste société offre une variété vertigineuse de possibilités et de pôles d’intérêt. Tous aussi chronophages les uns que les autres. Lectures, jeux, sports, divertissements, nouveaux médias, « technofolies », surprises et activités sans cesse renouvelées. C’est l’avalanche. On ne sait plus où donner de la tête, où cliquer. Ainsi devient-il crucial de devoir choisir. C’est à dire supprimer certaines activités sans remord, en éviter d’autres, fuir celles qui vous font de l’oeil. Sous peine d’errer d’une activité à l’autre, d’un intérêt ou d’une passion à l’autre – passion qui du coup n’en est plus une – , et de se perdre dans les méandres marécageux de l’absolue dispersion. Jamais avant aujourd’hui n’a été aussi vrai, aussi observable l’adage paradoxal : « Qui trop embrasse, mal étreint ». Cela reste vrai, évidemment, pour le facteur humain. L’amour et l’amitié ont mille facettes, bien davantage qu’autrefois, mais brillent-elles encore ? Qu’en pensez-vous, vous qui me lisez et avez 5324 amis sur Facebook ?

S’adapter, alors. Or comment s’adapte-t-on quand on a un espace au moins deux fois plus long à parcourir (vie in et hors ligne), qu’on a une sorte de « second life » à vivre mais qu’on a TOUJOURS le même temps à disposition ?

A) En augmentant sa vitesse. On survole alors tous les items ou presque. Mais superficiellement.

B) En réduisant de façon drastique et choisie l’espace à parcourir. En devenant en quelques sortes « monomaniaque ». A la vitesse qui nous sied. Et tant pis pour la limonade.

C) En prenant des amphétamines et en réduisant son temps de sommeil.

Autrement, je ne vois pas de solution.

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8 Réponses to “Paradoxe”

  1. Cécile D Says:

    je choisis le B… en faisant aussi confiance à la sérendipité :*

  2. Nicolaï Lo Russo Says:

    Moi aussi, Cécile, tout en tâchant de maintenir la A à distance (et Dieu sait si ce n’est pas facile…). Il faut couper, couper, couper.

  3. stain23 Says:

    Sans aucune hésitation, je préfère opter pour le choix B. Il est plus intéressant de s’intéresser longuement à quelque chose.

  4. Phédrienne Says:

    Sans hésitation non plus, le B, parce que choisir, ce n’est pas se priver, c’est élire….! Et ça laisse la place à d’autres rêves ensuite ….

  5. Nicolaï Lo Russo Says:

    Je sens comme une unanimité rassurante :) Même si l’espace de rêve – qui peut être frustration – s’en trouve dés lors agrandi…

  6. 50phik4 Says:

    B, bien sûr, même si ce n’est pas toujours commode, effectivement… Mais je me souviens d’une phrase que Conan Doyle mettait dans la bouche (auguste) de son Sherlock, je la rappelle de mémoire (donc c’est infidèle question terminologie, pardon) : A quoi me servirait de savoir des choses comme la distance de la terre à la lune ? La mémoire est un grenier, elle n’est pas extensible à l’infini. Je ne veux y mettre que ce qui me sera précieux, et ne pas avoir à me heurter à des choses inutiles et encombrantes qui ne feraient que m’empêcher de stocker ce dont j’ai réellement besoin.

    PS : j’ai été absolument ravie de vous voir mercredi, merci encore de vos sourires et de votre luminosité à tous les deux ! ;)

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