Des pizzas

by

pizza

Intérieur jour. Un atelier d’artiste décrépi, lumière pâle. Des tableaux posés un peu partout contre les murs, une table basse dans un coin. Deux hommes discutent en faisant les cent pas, un brin énervés.

– Tu vois mon p’tit Marcel, ce qu’il faut que tu comprennes, que tu comprennes bien… c’est que ces gens-là ils ont fait une rencontre… – sans parler de ceux qui sont nés déjà tout en haut… Ces mecs, ces nanas qui sont arrivés là… là où ils en sont, ces grandes stars de ceci ou de cela… les Warhol, Marylin et compagnie,  ben un jour ils ont fait une rencontre, voilà.

– Comment ça ?…

– Ouais, une fois, dans leur vie, à un moment ils ont rencontré quelqu’un. Mais quelqu’un de décisif, avec un pouvoir, tu vois… Un Pouvoir avec un grand P… Pas juste le pouvoir d’exposer dans une galerie ou quoi que ce soit… ou un petit article cordial dans un canard… non non… Un pouvoir énorme !… ENORME, Marcel !… [Il ouvre grand les yeux en écartant ses mains]. Le pouvoir de prendre un mec comme ça, tu vois, de le ramasser… ici par exemple… [Il se baisse, saisit une châtaigne sur la table basse] et de l’amener jusque là tu vois !… [Il pose en un geste vif la châtaigne sur le haut d’un escabeau]… bien dans la lumière, tu comprends ?…  Une position dominante, Marcel…  Tout en haut en haut… [Il mime le sommet d’une montagne]  Voilà ce que peut faire le pouvoir avec un grand P… C’est là-dessus qu’il faut que tu travailles…  rencontrer une personne avec ce pouvoir-là… C’est la seule façon.

– Ben ouais mais bon… Comment qu’tu fais pour  rencontrer quelqu’un comme ça, toi ? C’est pas en buvant des godets ici tous les deux !… dans cet atelier pourri, même pas chauffé…

– Ah ça c’est certain… certain… Faut sortir, se montrer… aller dans les soirées… s’habiller… Hé oui !…  Pis en plus ça se passe pas comme ça si facilement… Toi aussi faut que tu lui donnes quelque chose… en échange… Que t’y mettes du tien… Tu piges, Marcel ?

– Ben j’ai rien à donner d’autre que ce que je sais faire, moi… Déjà j’ai plus vingt ans et puis je suis… je suis pas une… je suis pas…

– Une putain, je sais. C’est bien ça le problème… On est dans un système où ça sert à rien de savoir faire ceci ou cela…  c’est tout à fait secondaire… d’avoir des « idées », tout ça… « à force de travail »…  « de tenacité »… « de talent »… ha ha ha !…  Mon cul sur la commode oui !… La persévérance, pfff… c’est fini ce monde-là Marcel, ça n’existe plus… Le talent est ailleurs…

– Tu me remontes le moral, c’est formidable… Moi tu sais je m’en fous de Marylin ou de Machin… J’aimerais juste exister un peu… Un tout petit peu… Faire mon petit tour de piste et puis c’est tout… Je demande rien de plus…

– Ça va pas être facile…  vous êtes beaucoup trop dans l’arène aujourd’hui… Beaucoup trop, Marcel… Des musiciens, des écrivains, des photographes… des artistes de tout poil… Y en a partout !… dans le moindre petit village maintenant t’as cinquante artistes Marcel !…  à vous bouffer les couilles jusqu’au bas du dos… Jusqu’à ce qu’y en ait un qui sorte la tête de l’eau… Et encore quoi ? dix minutes ?… Non franchement, réfléchis… on connaît personne nous, personne c’est vrai… On n’existe pas…  On devrait plutôt apprendre à faire de bonnes pizzas tu trouves pas ?… d’excellentes pizzas…  Les meilleures de Paname, tiens !… avec de la vraie mozzarella !… Ça marche du feu de Dieu les pizzas !… du feu de D…

– Bon STOP !, allez arrête, ça suffit… Sortons… [Ils quittent la pièce]

Étiquettes : , , ,

8 Réponses to “Des pizzas”

  1. Phédrienne Says:

    Et bien à peu de choses près, c’est ce que j’ai entendu d’une charmante dame, qui officiait au pôle emploi spectacles dont je dépendais (par un de ces mystères administratifs qui ne savent guère où vous classer !) :)

  2. Fernand Chocapic Says:

    Il est bien écrit ce dialogue, on s’y croirait.

  3. reine bale Says:

    Comment ne pas se reconnaître là-dedans ? Nous ne sommes donc pas seuls à être seuls devant ces questions : à nous tous, on pourrait presque former un « pouvoir » si nous renoncions à n’être que des atomes éparpillés.

  4. 50phik4 Says:

    Exactement ça. Ça l’a toujours été, note, sauf que les mécènes de jadis avaient des lettres et le goût du talent. Ils voulaient à tout prix faire partie d’une élite. Ceux d’aujourd’hui ne sont que des affairistes qui veulent pomper tout le fric du plus grand nombre.

  5. Nicolaï Lo Russo Says:

    Merci pour vos commentaires. Reine bale, même si nous ne renonçons pas, j’ai bien peur que nous soyions tout de même que myriades d’atomes éparpillés… L’image du banc de poissons qui forme un requin (l’union fait la force) n’est qu’assez théorique en fait. C’est la société telle qu’elle l’est devenue. Eclatement des individualités, mais aucune force de liens (ou si peu). Chacun dans sa petite bulle, face à son écran. A ses écrans je dirais : pour être sûr de ne rien louper! :)

  6. Yola Says:

    Allez courage, Marcel! Pense à tes illustres prédécesseurs: Proust, Marceau, Mouloudji, Cerdan, Amont, et même Little Marcel…

  7. M&M's Says:

    Lo Russo, Hyrok, Rocky. Bang. J’M. Pouvoir avec un grand P comme le monde de Pi. Quantum. ^ô^

  8. Dio gène Says:

    Memorandum à diffuser. Courage. Cela fait longtemps que vous essayez des expériences avec les phénomènes quantiques, relatif aux ondes lumineuses, la trajectoire des astres, des galaxies, le mouvement d’une escroquerie, vous les avez calculés et cherchez l’instant zéro, comme vous pouvez, avec des chiffres et plein d’artifices. Il y a les témoignages NDE aussi, autour de la lumière blanche, le son des couleurs et l’incompréhensible Amour. Depuis vous essayez de manipuler la structures des villes, des établissements, l’énergie des stades, flashmob, vous dirigez vos adeptes à acheter vos produits, plein de couleurs avec et sur les gens que vous pensez contrôler ainsi, grâce à vos crétins occultes, les plus stupides en fait, mais si rassurant contre du bon argent, qui vous ont dit que vous seriez des Dieux. Des Dieux ? Votre programme est matérialiste. Le quantique est un chant amoureux. Perfection. Une chanson a besoin d’être écrite, mise en musique, interprétée dans un cadre. Opéra. Le rayonnement est plus important que lorsque tu ne fais qu’écrire de la poésie ou un livre noir sur blanc, à moins de créer un mode de pensée collectif, telles que les saintes écritures par exemple, qui permettent un mode incantatoire intéressant d’un point de vue quantique, mais c’est assez maigre face à une contraction du temps, l’espace et des personnes ou ce n’est plus un chant mais bien une symphonie. D’autres part, quand vous agitez des couleurs sur des personnes, dans les rues, à la tv, d’une part vous n’en êtes pas maitre, voyez comme vous êtes désaccordé avec la nature, l’essence intime des êtres et des choses vous étaient interdits, le plus important étant que le vert est la couleur, dominante d’un point de vue visible, quantique, le vert assemblage du jaune et du bleu, miroir du soleil et de l’azure. Si vous voulez c’est comme si vous vouliez ajoutez des fleurs multicolores ici ou là au milieu d’un espace vert. Je ne vois pas quelle solution vous pourriez obtenir, quand bien même en exploitant chaque mètre carré sur toute la planète, sans le vert ? En quoi c’est vivant dans votre tête à vous ? Et je ne vois pas très bien quelle suprématie vous pourriez en retirer. L’esprit étant bien plus fort comme vous l’avez découvert avec mes merveilleux travaux sur le cerveau individuel et global, noosphérique. Lorsque vous agitez des nombres et des formes pour animer les couleurs, dans quelle mesure cela vous appartient à vous, une minorité élitiste ? Ce n’est pas vous personnellement qui avez inventé la langue que vous parlez, ni les nombres avec lesquels vous supputez. Le M (aime) est une lettre parfaite, encore fallait-il savoir jusqu’à quel point. La forme rudimentaire du M est la plus simple manière de former des ailes d’oiseaux au loin dans une de bande dessinée par exemple, dont l’ancêtre est le hiéroglyphe, glyphe. Quand vous dites mes M, il y en a beaucoup. Si tu enlève le M de ton vocabulaire, te voilà handicapé du langage. Il y a des lois dans l’univers qui vont bien au-delà du sens le plus souvent archaïques, superstitieux, que vous donnez aux astres des astrologues, à la forme des pyramides, au nombre 3, 6, 9… Le quantique est un chant amoureux. Perfection. Une chanson a besoin d’être écrite, mise en musique, interprétée dans un cadre. Opéra. Le rayonnement est plus important que lorsque tu ne fais qu’écrire de la poésie ou un livre noir sur blanc, à moins de créer un mode de pensée collectif, telles que les saintes écritures par exemple, qui permettent un mode incantatoire intéressant d’un point de vue quantique, mais c’est assez maigre face à une contraction du temps, l’espace et des personnes ou ce n’est plus un chant mais bien une symphonie. D’autres part, quand vous agitez des couleurs sur des personnes, dans les rues, à la tv, d’une part vous n’en êtes pas maitre, voyez comme vous êtes désaccordé avec la nature, l’essence intime des êtres et des choses vous étaient interdits, le plus important étant que le vert est la couleur, dominante d’un point de vue visible, quantique, le vert assemblage du jaune et du bleu, miroir du soleil et de l’azure. Si vous voulez c’est comme si vous vouliez ajoutez des fleurs multicolores ici ou là au milieu d’un espace vert. Je ne vois pas quelle solution vous pourriez obtenir, quand bien même en exploitant chaque mètre carré sur toute la planète, sans le vert ? En quoi c’est vivant dans votre tête à vous ? Et je ne vois pas très bien quelle suprématie vous pourriez en retirer. L’esprit étant bien plus fort comme vous l’avez découvert avec mes merveilleux travaux sur le cerveau individuel et global, noosphérique. Lorsque vous agitez des nombres et des formes pour animer les couleurs, dans quelle mesure cela vous appartient à vous, une minorité élitiste ? Ce n’est pas vous personnellement qui avez inventé la langue que vous parlez, ni les nombres avec lesquels vous supputez. Le M (aime) est une lettre parfaite, encore fallait-il savoir jusqu’à quel point. La forme rudimentaire du M est la plus simple manière de former des ailes d’oiseaux au loin dans une de bande dessinée par exemple, dont l’ancêtre est le hiéroglyphe, glyphe. Quand vous dites mes M, il y en a beaucoup. Si tu enlève le M de ton vocabulaire, te voilà handicapé du langage. Il y a des lois dans l’univers qui vont bien au-delà du sens le plus souvent archaïques, superstitieux, que vous donnez aux astres des astrologues, à la forme des pyramides, au nombre 3, 6, 9… Et quant bien même il faut pouvoir les relier à tout le reste pour en saisir le sens vrai, en y adjoignant le Verbe pour exprimer le tout, et bien sûr être assez convaincant pour donner le désire à tout Hollywood de vous faire des enfants à l’œil. Ce qui équivaut à passer pour un Dieu à votre place, en plus vrai.

Laisser un commentaire