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Paradoxe

18 novembre 2012

©Jean-Marie Campagnac

Dans notre société de la complexité et de l’hyperchoix, il est un paradoxe remarquable : Pour être efficace et compétitif dans un domaine, que ce soit un domaine scientifique, économique, artistique, peu importe, il faut en connaître toutes les arcanes, toutes les subtilités ; or celles-ci sont de plus en plus labyrinthiques et complexes, progrès aidant ; elles offrent en elles-mêmes mille chemins à connaître, qu’il faut un temps considérable et incompressible à parcourir, à explorer. D’un autre côté, cette même vaste société offre une variété vertigineuse de possibilités et de pôles d’intérêt. Tous aussi chronophages les uns que les autres. Lectures, jeux, sports, divertissements, nouveaux médias, « technofolies », surprises et activités sans cesse renouvelées. C’est l’avalanche. On ne sait plus où donner de la tête, où cliquer. Ainsi devient-il crucial de devoir choisir. C’est à dire supprimer certaines activités sans remord, en éviter d’autres, fuir celles qui vous font de l’oeil. Sous peine d’errer d’une activité à l’autre, d’un intérêt ou d’une passion à l’autre – passion qui du coup n’en est plus une – , et de se perdre dans les méandres marécageux de l’absolue dispersion. Jamais avant aujourd’hui n’a été aussi vrai, aussi observable l’adage paradoxal : « Qui trop embrasse, mal étreint ». Cela reste vrai, évidemment, pour le facteur humain. L’amour et l’amitié ont mille facettes, bien davantage qu’autrefois, mais brillent-elles encore ? Qu’en pensez-vous, vous qui me lisez et avez 5324 amis sur Facebook ?

S’adapter, alors. Or comment s’adapte-t-on quand on a un espace au moins deux fois plus long à parcourir (vie in et hors ligne), qu’on a une sorte de « second life » à vivre mais qu’on a TOUJOURS le même temps à disposition ?

A) En augmentant sa vitesse. On survole alors tous les items ou presque. Mais superficiellement.

B) En réduisant de façon drastique et choisie l’espace à parcourir. En devenant en quelques sortes « monomaniaque ». A la vitesse qui nous sied. Et tant pis pour la limonade.

C) En prenant des amphétamines et en réduisant son temps de sommeil.

Autrement, je ne vois pas de solution.