Archive for the ‘Photographie’ Category

Retina, serial killer

22 août 2011

Nous voici plongés dans une polémique qui n’a pas tout à fait fini de faire « couler de l’encre » – encore que l’encre se voit détrônée par des pixels depuis un moment déjà – : Le match Ecrans vs Papier. L’ère des écrans va-t-elle définitivement, irrémédiablement, remplacer celle du papier ? Avec des questions corollaires du type : Quelle est désormais l’espérance de vie d’une librairie (traditionnelle) ? Est-il toujours pertinent d’investir dans une imprimante ? (voire dans une imprimerie…)

Pour le moment on peut parler de « cohabitation » douce ; l’offre se dédouble, non sans allégresse. Nombre de livres, de magazines (et de publicités), existent tant sous forme analogique que numérique. Présence physique de « l’objet », ou présence immatérielle des « pages écran ». Et l’on choisit un peu ce qu’on veut, selon nos habitudes, nos préférences, notre budget ; selon aussi la place dont on dispose sur nos étagères… (et là ça se complique assez vite, quand on consomme beaucoup…)

Dans ce combat technologique, j’ai toujours cru dans la victoire du papier. Je me disais que son odeur, sa présence fibreuse, le bruit-que-ça-fait-quand-on-tourne-la-page, faisaient la différence ; et puis cet objet livre c’est quand même quelque chose. Un livre, oui, avec la reliure, le soin apporté à la couverture, le vernis UV ah comme c’est beau. Comme ça claque. C’est irremplaçable je me disais. Ce fétichisme.

Jusqu’à hier soir.

Hier soir mon avis s’est tranché de manière quasiment définitive en faveur de l’écran, après, il faut le dire, une certaine période de latence. Ça avait débuté l’an dernier en juillet ce doute, ce questionnement métaphysique, lors de mon acquisition d’un iPhone4. Ce petit outil de communication conçu par Apple, ma foi bien pratique – j’en suis devenu comme beaucoup inséparable – a une caractéristique qui peut paraître anodine aux yeux de certains, mais qui selon moi se révèle capitale : la qualité extraordinaire de son écran Retina. On est très au-dessus de n’importe quel écran d’ordinateur (bureau ou portable). La technologie IPS permet de monter ici à 324 ppp (pixels par pouce) – je n’entre pas dans les détails rébarbatifs, pas d’inquiétude –, plaçant le rendu (contraste, netteté, et surtout modelé) au-dessus d’un tirage photo ou d’une page de livre d’images « bien imprimées »… Outre que, RVB oblige, le rendement lumineux, par nature additif, est supérieur à celui de n’importe quelle impression (lumière dite soustractive). D’aucuns ont pu d’ailleurs remarquer combien la « présence » d’une image (entendre son « réalisme ») était plus importante sur un écran (même d’assez mauvaise qualité) que sur une photographie ou une reproduction.

Je ne connais pas de personne ayant regardé une photo sur un écran Retina qui ne s’est pas dite « bluffée ».

Or il se trouve que Apple, dans sa grande mansuétude et selon des rumeurs tout à fait vraisemblables rapportées récemment par le Wall Street Journal, s’apprête à munir de cet écran Retina la gamme de ses iPad ! (iPad3 printemps 2012, paraît-il). Comme c’est gentil. Je me disais bien que cette belle qualité n’allait pas rester cantonnée à un écran si petit (celui de l’iPhone)…

Ce n’est pas qu’une bonne nouvelle : c’est une révolution.

Révolution amorcée, au grand dam de certains, avec les « liseuses » et autres e-book, vous savez ces petits boîtiers numériques qui vous permettent (ou vont vous permettre) de transporter votre bibliothèque partout… (Mais pour les liseuses je me disais bon, ce ne sont que des fichiers pdf, la typo vectorielle ok c’est bien net, aussi net que dans les livres imprimés, mais l’image ? Si la qualité et surtout la taille de l’image ne suit pas, il y aura toujours des livres illustrés de « magnifiques photos » !… Ça existera toujours !… Que dire des magazines ? La même chose. Je me disais que les liseuses ne remplaceront jamais les livres, les « vrais livres ».)

Et puis là hop ! un sacré tournant s’amorce. Parce que cette technologie IPS, bien entendu, ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Des écrans de plus en plus grands, donnant des images de plus en plus parfaites, réalistes, vont envahir nos vies (nos cartables, nos tables, nos murs…).

Alors oui le problème du prix. Souvenez-vous les imprimantes de bureau : au début des années 90 c’était assez cher. Puis peu à peu ils nous les ont presque données ces imprimantes, le prix a chuté : ce sont les « consommables », les cartouches et le papier qui sont devenus chers. Classique.

Pour les « tablettes » numériques, continuité réjouissante – et ironique – des antiques tablettes d’argile, comme pour l’heure le prix est manifestement un frein (tout le monde ne dispose pas de plusieurs centaines d’euros juste pour s’informer), il est à parier qu’un tour de passe-passe marketing sera inventé pour les rendre tout à fait abordables. Le prix d’un abonnement à votre magazine préféré, par exemple, guère plus. Le contenu finit souvent par financer le support. Un jour les tablettes seront distribuées « gratuitement »…

Ce que je vois disparaître dans un avenir assez proche (allez, on va dire un maximum de quinze ans, histoire que la nouvelle (screen) génération de « geeks » prenne le pouvoir) :

• Les kiosques à journaux…

• Les librairies. (Les seules échoppes qui subsisteront seront des librairies d’ouvrages rares, d’occasion, et très spécialisées – seul endroit d’ailleurs où le « conseil du libraire » n’est pas un vain mot.)

• IKEA supprimera son espace « bibliothèques, étagères, serre-livres, etc.», devenu désert.

• Les tireuses « minilab » et leur satanés « 13×18 » qui engorgent les boîtes en cartons dont le couvercle ferme toujours mal.

• Les galeries de « photographie contemporaine » dont les onéreux tirages encadrés « sous diasec » ne se vendront plus, car trop encombrants et ne présentant chacun qu’une seule image fixe. (On préférera de loin se doter d’un grand écran type Rétina et passer les images de l’artiste au gré de l’humeur, pour un meilleur confort visuel et plastique.) D’ailleurs les musées et autres galeries de renom feront l’acquisition de dizaines d’écrans « qualitatifs » pour présenter leurs expositions : sauf exception(s), finis les fastidieux « accrochages-décrochages », tout se fera par fichiers numériques HHD (Hyper High Definition), en quelques clics et en cinq minutes.

• La profession de « colleur d’affiches ».

• Les cartes routières accordéon (qu’on ne parvient jamais à replier convenablement…)

(J’en oublie, il y en a plein…)

Sans compter les bouleversements que va connaître l’industrie du papier et de l’impression. Des secteurs entiers seront abandonnés. Redéfinis.

Ça fait pas mal de trucs qui vont disparaître non ? On peut considérer cette affaire d’écrans comme un « sous dossier » du basculement numérique, mais c’est tout de même une petite révolution…

(Oui, oui, je sais : « Et l’énergie dans tout ça ? Sacrée facture d’électricité tous ces écrans dans la ville ! » – Je pense que l’amélioration des capteurs solaires et des batteries (énergies autonomes) devrait y pourvoir.)

D’ici là, le débat continue…

(Note : je fais volontairement l’impasse sur les « habitudes de lecture à l’aube du Troisième millénaire », sujet sociologique en soi, mais qui pourra faire l’objet d’un autre billet ; on peut par contre en discuter.)

Les nouveaux artistes

12 janvier 2008

C’est pour bientôt. C’est déjà là. Musiciens, jongleurs, trapézistes, rhabillez-vous. Rangez vos instruments. Installez-vous dans votre fauteuil, le Nouveau Spectacle va commencer. Bien gentiment, comme dirait l’autre.
Les images de synthèse – la « 3D » pour les intimes –, ainsi que la musique samplée (réalisée à partir d’échantillons sonores réels ou virtuels) ont fait d’énormes progrès ces dernières années, c’est peu de le dire. Ça n’arrête pas. Un monde ex nihilo existe tous les jours un peu plus. Il croît, sous nos yeux analogiques, un univers immatériel totalement constitué de bits, de lignes de codes, de pixels en furie. Pendant que vous jardinez ou que vous donnez à manger à Roro. Les écrans colonisent notre quotidien, partout, dans les sacs, sur les murs, des aéroports jusqu’à votre poignet, d’en haut des tours jusqu’au troisième sous-sol. Essayez de compter le nombre d’écrans que vous croisez dans une journée dite « normale ». Les analystes appellent ça hyperscreen society. C’est vers là qu’on va. Vertigineuse extension du champ perceptif. Par ailleurs, il est dit que dans quelques décennies, il n’y aura plus la possibilité de distinguer les « vraies » images des « fausses » (3D fakes). Celles prises en réel par une webcam par exemple, de celles conçues de toutes pièces par des opérateurs numériques virtuoses. Et le son itou. Fabriquer totalement la voix de la Bruni qui dit à son mari « Allez, fait pas la gueule et passe-moi le beurre, Mister Président », eh bien ce sera du tout cuit. The same voice. On aura le sentiment assez vif d’un « deuxième monde ». Et là c’est la société de l’information qui risque de prendre un sérieux coup dans le bide. Quand tout ça se sera mis en place. Parce que ce sera quoi finalement une information ? Hé hé.
En attendant ces réjouissances, ouvrez grand vos oreilles et vos yeux, cette vidéo est vraiment étonnante. Du tout grand art. Annonciateur de demain sans aucun doute. C’est chez Animusic et ça s’appelle « Pipe dream ». Pour une meilleure qualité vous pouvez commander un DVD. (c’est pas dans mes habitudes de faire de la pub, mais là faut reconnaître que…)

Tank vivra la téci !

8 octobre 2007

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La « paix est un combat », signe le fabricant de fringues Marithé & François Girbaud dans sa dernière campagne presse. Le premier plan montre de joyeux drilles multiraciaux foulant une sorte de sol artificiel où s’enchevêtrent des hibiscus et des maquettes de tanks (histoire de changer de la très fanée « fleur au bout du fusil », d’innover un peu quoi, en attendant les lilas au milieu des lance-roquettes).
Très sympa comme visuel. Surtout qu’il est spécifié que la marque soutient « seeds of peace » , une organisation apolitique qui tend à promouvoir la paix chez les jeunes qui en chient grave dans les zones de conflits. Les zones comme les cités par exemple. (ben oui quoi, y a pas qu’au Moyen Orient et autour de l’équateur que ça latte méchant…) D’ailleurs tiens… ne seraient-ce pas les immeubles sinistres d’une cité du 9-3 qui dominent cette brume inquiétante, au second plan de l’image, là? Mais si mais si ! Une cité où les petits jeunes ne jurent que par Le Coq Sportif, Sergio Tacchini, les marques de rappeurs, etc… ‘taing ! Il serait grand temps que Marithé et François vendent leur came là-bas dedans, non ? « investissent ce (juteux) segment de marché » ! Pas déconner quoi !
Allez Zahira, va pour un petit débardeur à 650 Euros, on verra après pour trouver du taf… Peace & Love, babe… z’y va!

Les mosaïques de la Bastille

29 juillet 2007

Technologiquement – entre autres –, les américains n’en finissent pas de botter le cul de toute la planète, ça c’est pas nouveau. Pourtant, j’avais eu, en feuilletant le très bavard (et rarement pertinent) Science & Vie daté août, qui présente le site Géoportail, comme un vague espoir que la France n’était pas en reste. Qu’elle aussi savait montrer ses muscles quand c’était nécessaire. Qu’en matière de base de données, par exemple, elle n’était pas totalement à l’arrêt. Je dois me rendre à l’évidence : On est battu a plate couture, comme le démontre hélas cet édifiant comparatif de vue aérienne entre geoportail.fr et l’impressionnant Google Earth (logiciel à télécharger).
Géoportail (dont le maître d’ouvrage est le ministère du Budget et des Comptes Publics – eh oui !) a la particularité, lui, de pouvoir superposer des cartes IGN avec le rendu photographique. Or, à l’heure de la quasi standardisation des dispositifs GPS dans les foyers français, ça n’a guère plus d’intérêt. (Ou alors faudrait qu’on m’explique !) Par ailleurs, j’ignore quel aéronef (français ?) a commis ces malheureux clichés surexposés mais il gagnerait à nettoyer l’objectif de sa caméra… Les deux vues ci-dessous (brutes, non retouchées) montrent la Place de la Bastille au grossissement maximal. Comme qui dirait y a pas photo, hein. Quand en plus on s’aperçoit que Géoportail a cru malin, lui, de balancer des « watermarks » à son effigie sur les cartes « pour ne pas se faire pirater », on a la certitude d’être vraiment à Paranoland…
Je me dis quand même que c’est pas possible d’être aussi mauvais, que les « vraies infos » sont classées secret défense… Même si Science & Vie, dans un pitoyable cocorico, clame naïvement en parlant de la dernière version « 3D » de Geoportail : « Bienvenue dans une nouvelle dimension !  » On se fend vraiment la gueule.

Géoportail view « max »:

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Google Earth view « max »:

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Sagem bien

20 juillet 2007

 

 

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Les photos bruitées à cause du manque de lumière, ça fait pas pro hein ! Eh ben justement pour moi l’amateur c’est parfait. Fallait quand même que je montre à mes nombreux lecteurs (ça va ça va, poussez pas ! y a d’la place pour tout le monde…) l’appareil responsable de la plupart des images de ce blugg. (Pas mal « blugg », ça fait tout de suite beaucoup plus tendance non, allez je me ressers un wiski avant d’aller déposer le nom).
Donc, il s’agit d’un précieux modèle de téléphone portable : le Sagem MyX-6-2 (sorti juste avant le NzY-7-3 et après le LxW-5-1, donc). Grâce à son manque d’ergonomie absolu, sa surcharge pondérale, je ne l’utilise pratiquement plus que pour faire des photos ratées (floues pour la plupart, désaturées ou trop saturées, « minables » quoi). Ce qui a l’avantage de nous porter loin de ces photographes pros qui se battent à coup de megapixels, pour nous concentrer sur ce qu’il y a de plus intéressant, finalement : le sujet.
Vous noterez au passage combien j’ai dû ruser pour d’une part vous montrer l’outil sur ces nombreuses faces, et d’autre part rester moi-même assez discret devant la glace. Le montage multi-miroirs, le calcul des axes optimums, m’ont quand même pris deux heures et demie. Faut pas croire que ça vient tout seul le talent, hein.