Archive for décembre 2010

HYROK, Edition Spéciale

13 décembre 2010

Les histoires d’amour finissent bien en général, jugez plutôt : Ayant cet automne sauvé des eaux Louison Rascoli, Violette Vance (dite Vio), Hope Rascoli-Vance et Luciolo Badalamenti, valeureux protagonistes de HYROK — roman édité par la maison Léo Scheer du 18 septembre 2009 au 29 septembre 2010 —, j’ai tout loisir désormais de faire ce que bon me semble de ces personnages, de cet ouvrage déjà « culte » selon certains nez creux — très en avance sur leur temps, est-il utile de le préciser. J’en ai récupéré 67 exemplaires neufs et fringants, de ce pavé. On dit « racheter le stock ». C’est très émouvant d’avoir cette petite montagne de cellulose à la maison, d’entendre ces respirations, ces petits cris étouffés, ces étranges retrouvailles (parfois ça me réveille la nuit). A quoi vais-je maintenant les destiner ? vers quel horizon ?
Je pourrais couler tout ça dans du polyméthacrylate de méthyle, en faire un pouf design, un hyroking-chair, symbole tranquille d’un désastre éditorial (où, je le rappelle pour ceux qui n’auraient pas suivi, on a tenté de vendre le premier livre d’un inconnu sans attachée de presse, sans promotion d’aucune sorte, sans s’en occuper ; en somme : dans le silence navré des limbes ; ce qui est difficile — et c’est un euphémisme). Mais j’ai des doutes sur l’innocuité du plastique (voir post précédent).
Je pourrais en faire des confettis pour l’An Nouveau, joyeuse poussière, faire table rase de cette affaire, repartir « sur de bonnes bases coco ». Mais la petite Vio en hachis Parmentier ça ne me plaît guère — à elle non plus, déjà qu’avec le « pilon » des « retours » elle hurlait comme une sirène belge ! Non, pas les confettis alors. Promis, tite Vio.
Je pourrais en faire une tapisserie géante, ou mille abat-jour (sans « s » à jour, bien sûr), faire danser ce petit monde dans la lumière en attendant la suite de HYROK (je n’ai pas de date mais c’est prévu) ; ce serait déjà plus pertinent. Le jeu avec lumière.
Je pourrais aussi donner suite aux demandes incessantes — au harcèlement — des vingt-trois éditeurs qui me cassent les dattes depuis le matin du 30 septembre pour rééditer ce « chef-d’oeuvre » dans des conditions « fantastiques ! idéales ! sans précédent, monsieur ! Vous allez voir ! ». En profiter pour leur demander 35% sur les ventes (énormes, on n’en doute pas un instant), plutôt que 10.

Mais non. C’est trop tôt. (Et les enchères ne sont pas assez intéressantes ; voyons Messieurs, vous n’y êtes guère…)

Pour l’heure, je vais me contenter de mettre en vente 50 exemplaires numérotés de ce que j’ai pu sauver de cette première édition. Avec mes petits muscles et mes dix doigts glacés. Au prix de vingt-cinq euros l’unité, envoi compris (en France, courrier normal), et selon le protocole suivant :

– dédicace personnalisée en page de garde ;
– timbre à sec bas-relief de mon logo et signature ;
– numérotation croissante 1 à 50 « Collector » ;
– ajout de la mention « jusqu’au 29 septembre 2010  » suivie d’un paraphe NLR, à la suite des mots Editions Léo Scheer en couverture. (Procédé qui évite le fastidieux, assez laid, et surtout devenu inutile « caviardage du nom de l’éditeur » — secret de Polichinelle à l’heure du web…)

Voilà m’sieurs dames. Je me marre. La vie est belle, I am free. D’ores et déjà : BON NOËL !

PS :
Pour lire la quatrième de couverture, c’est ICI. Des avis et .
Pour me contacter par mail (et obtenir mes coordonnées postales, commander en envoyant un chèque…), l’adresse se trouve en haut à droite de la page principale de ce blog (brossegherta@…)

Plastic life

8 décembre 2010

© Chris Jordan

Ça commence assez abruptement, par des images de laboratoire. Nous sommes en présence, en gros plans, de pénis de bébés, affreusement malformés, dont on imagine sans forcer que leur petits propriétaires aux joues roses, encore innocents, en feront les frais plus tard – et quels frais : pénis HS, circulez les filles !…
Il s’agirait de « perturbations hormonales » nous dit une voix off, calme et nette. Ben ça alors, pas de chance les mouflets… On nous parle ensuite de diabète infantile « alors que rien n’y prédisposait », de baisse de la fertilité chez l’adulte, de cancers inexpliqués, d’obésité anormale, d’allergies étranges, de troubles du comportement, etc. Que des réjouissances, quoi.

Non, ce n’est pas un documentaire sur Tchernobyl. Aucune zone sinistrée post soviétique peuplée de malheureux freaks sous dioxine. Aucune trace de vilenies génétiques dans le propos (on verra ensuite que pourtant si, et même jusqu’à trois générations ça se transmet…) Non : Il s’agit simplement du début du premier volet de l’émission « Pièce à convictions » passé lundi soir sur la 3 : « Plastique : menaces sur la santé » (réal : Elise Lucet). On est en France.

Tu parles d’une menace : selon une étude à grande échelle, il y aurait du plastique dans les urines de 90% de la population mondiale. Et le plastique dans le corps ça peut être dangereux.

Je ne vais pas refaire ici le déroulé exact de cet excellent documentaire, aussi alarmant qu’effrayant ; il faut juste le voir d’urgence (des rediffs sont prévues sans doute, ou alors peut-être sur YouTube). Bref, le coupable de ces maux terribles est le plastique, au sens large, et tout particulièrement les phtalates et le « biphénol-A » qu’ils contiennent dans leur grande majorité. Parce que voyez-vous, grands buveurs d’eau en bouteille (plastique), biberonneuses contrexophiles à sac stylé, ces deux substances qui passent lentement (mais sûrement) du contenant au contenu liquide sont, selon de toutes récentes études américaines et canadiennes, « hautement toxiques à faible dose ». Eh ouais ! Ça diffuse méchant dans les bouteilles, ils l’ont mesuré il y a quelques mois. Le thé de la mort dans ton Longchamp, chérie. En douce et en toute impunité… (Une édifiante démonstration à base d’escargots qui se multiplient selon un schéma erratique semble l’attester – entre autres expériences édifiantes).

Et comme hélas les études françaises (surtout dans l’agro-alimentaire) sont soit en retard d’un train de marchandises, soit complètement bridées par les industriels européens et leurs lobbies surpuissants, qui c’est qui trinque ? Qui c’est qui s’envoie les molécules délétères par grappes de douze ? Ben nous. Pas que les bébés. (Bébés pour qui l’Assemblé nationale, vaguement alarmée par les USA, vient de décréter l’interdiction de commercialiser les biberons « pouvant présenter des risques », tiens tiens… Des risques. Plus de biberons en plastique sur le territoire. Finito subito. On applique vite le « principe de précautions », en espérant que ce ne soit pas trop tard.) Y’aurait donc de l’eau dans le gaz, docteur ? Euh oui, j’en ai bien peur.

Mais pour les bouteilles, les canettes, les boîtes de conserve à revêtement interne, les bouilloires, tout un tas de trucs en plastoc vendus par mégatonnes dans les magasins, on fait quoi alors ? Rien. On continue. On s’enfile à chaque gorgée des micro-particules « hautement toxiques », mais on continue. On accumule. A chaque bouchée aussi d’ailleurs – pour les aficionados du « tout préparé » et des « barquettes micro-ondes ». Cool ! A nous les palettes de yaourts aux phtalates (et, tout à fait accessoirement, au bifidus). C’est très sympa le cancer, vous verrez. Ce qu’il fera à l’intérieur se verra aussi à l’extérieur, c’est garanti.

C’est que c’est complexe, tout ça. Très. Je veux dire les intérêts en jeu. Il y a d’un côté les puiseurs d’eau, Maîtres de Sources, Grands sorciers basaltiques, qui disent que l’eau « du robinet » c’est grosso modo de la merde chlorée (ils ont tort, évidemment), et qui vendent de l’eau mille fois plus cher, « meilleure parce qu’elle vient du fond du tréfond de la Terre, coco, pas d’un simple robinet ! » ; d’un autre côté le consommateur un peu benêt qui veut voyager léger et va pas s’embarrasser d’une lourde bouteille en verre dans le métro (manquerait plus qu’ça !) ; d’un autre encore, l’emballeur industriel, expert es-plastiques hi-tech depuis des lustres (et son pote le designer sur polymères), qui a compris le marché à investir – à inonder –, qui s’en porte fort bien, et qui est un peu en retard sur la conception de bio-plastiques non toxiques (surtout qu’il a de sacrés stocks à écouler, des études à rentabiliser, etc., alors on va se calmer sur le sanitaire pour l’instant…). Et d’un dernier côté (en face) l’Instance… Sanitaire ! et le Législateur, qui font des grosses teufs à Deauville, Thonon-les-Bains, avec leur potes de chez Nestlé et Danone, le tout avec des conseils d’administration infiltrés (c’est le mot), des commissions lobbyées aux petits oignons, et j’en passe. Le Saint-Pognon mon neveu, voilà le vrai coupable ! Halala.

Parce qu’à cent lieues de ce polygone dantesque et plein de côtés opaques où nous, pauvres quidams, y voyons aussi clair que dans une narine de gorille – mais où il se boit énormément de Champagne pour fêter « les chiffres en hausse » –, il y a les petits labos indépendants. Qui bossent tranquille, à leur rythme, et avec un amour visible du travail bien conduit. Américains pour la plupart (le mec barbu avec ses wagons d’escargots, par exemple.) Parfois français, soyons fairplay ; il y a bien un ou deux nutritionnistes gaulois sur le coup, c’est vrai, mais c’est encore trop rare (et ça n’a pratiquement aucun poids). Ensuite ils publient leurs chroniques dans des revues scientifiques, naturellement, et dans l’indifférence générale. (Quoique quelques cols blancs toussent un peu, mais bon ça va : Greenpeace et consorts c’est de toutes petites structures hippies, minoritaires, pas de quoi s’inquiéter pour l’instant.)
Que cette émission documentaire passe à une heure de « grande écoute » c’est presque un miracle, une sorte de dysfonction économique, une faute de goût. Profitons-en, c’est comme un vendeur de parapluies dans le Sahara, c’est rarissime.

J’ai beaucoup aimé le dernier volet du docu (qui en comporte trois), plus généraliste, où on voit l’estomac éclaté d’une tortue marine rempli de brosses à dents, de bouchons divers, de sacs poubelles déchiquetés, de bouts de pneus… Le visage du biologiste surtout, consterné devant le cadavre ouvert du reptile. C’est à se demander si de temps en temps ça lui arrivait de croquer un poisson, à cette pauvre bête. J’entends : un poisson qui n’aurait pas lui aussi absorbé du plastique… Ça nous vient du Pacifique cette image, océan sublime qu’on nomme maintenant « La soupe de plastique » dans les milieux autorisés (pas dans le catalogue Kuoni, par contre, pas déconner !). Non c’est vrai, je ne plaisante pas. La chaîne alimentaire marine est vérolée par le plastique, de A à Z. L’alpha et l’omega du fief de Neptune sont reliés par un filin de PVC meurtrier. Quand on trempe la main dans l’eau du Pacifique, paraît que c’est un peu gras désormais, huileux ; car le plastique, à part les gros morceaux, s’est dissout (en même temps que les dérivés du pétrole et les crèmes solaires des surfeurs…). Par ici la bonne soupe. La Méditerranée, on y arrive gentiment. Des montagnes de plastique devant les murs de béton des chaînes d’hôtels… C’est parfait. Vive les vacances. Et les vacanciers.
Hé, Trenet ! Reviens Charlie, avec tes golfes clairs… Reviens !

Non franchement, merci France 3 et bravo, vous avez fait du bon boulot ; je prends note de toute cette merde, des détails que j’ignorais ; désormais je vais boire que du pinard, moi. Dans une bouteille en verre soufflé, avec un bouchon en liège sauvage. Et quand j’irai aux ordures, je ne mélangerai plus le chlorure de polyvinyle avec les autres polymères sulfurés non recyclables, promis. C’est pourtant pas compliqué le tri.

Santé la Planète !