Archive for the ‘Pub’ Category

Une dent contre la pub?

1 avril 2013

pepsismile

©Susan Tempa

Pour le moment on connaissait les rappeurs et leurs dents baguées de métal précieux, leur clapoir embagousé jusqu’aux molaires. Yo, man. Eh bien le sourire Fort Knox c’est du passé. Le bling-bling va se voir bousculer par une toute nouvelle tendance, plus soft : le sourire publicitaire, au sens le plus trivial, le plus désespérément basique du terme. Ça devait arriver, je me disais bien. Et, forcément, arriver des Etats-Unis (what else?!). Une start-up californienne, Smile&Ads, vend depuis quelques semaines des espaces pub sur une des rares surfaces immaculées encore disponibles : la dentition des people ! – blanchie et nickel, le plus souvent.

Bill Tempa Jr., dentiste esthétique à San Diego, a mis au point une technique de gravure de logo émaillé sur les incisives supérieures. (Une autre option, non permanente, est basée sur un collage à chaud, quasi indolore, pour environ trois semaines – largement le temps d’un festival de Cannes, par exemple.) Smile&Ads intervient dans l’organisation, la mise en relation des annonceurs avec les stars ou leur agent. D’ici l’été et même avant, on devrait ainsi voir fleurir des sourires Coca-Cola, Mac, AT&T, etc. dans les pages de Gala, Voici et compagnie. Excitante perspective. Notons tout de même qu’à une certaine distance, cette mini-pub est peu visible ; on pourrait penser plutôt à un morceau de salade coincé dans les dents. Mais pour les portraits et les couv’, l’effet est saisissant. Cheeeese please ! Eh hop ! Clic-clac ! Sourire Pepsi ! Pour ma part je trouve ça un peu too much, limite mauvais goût ; à quoi bon se blanchir les dents si c’est pour les transformer en panneaux publicitaires? Certes, le contraste est plus marqué et le logo bien visible en cas de tête à tête ou de portrait rapproché. Et le regard du « spectateur » accroche immédiatement sur « l’inquiétante étrangeté » dentaire (étrange pendant combien de temps ? là est la question ; on s’habitue tellement vite à tout…) Quoi qu’il en soit, l’information – merci à Katy Schlum agency – demeure discrète sur le gain financier de la star qui, rappelons-le, se voit le plus souvent offrir des accessoires de marque, des vêtements, contre une simple apparition médiatique. L’avantage avec cette nouvelle technique étant de ne pas se cantonner bêtement à la mode et au luxe. Ford, Dell, Exxon, Bank of America, ont déjà été aperçus sur quelques dentitions connues (Sylvester Stallone aurait déjà sa dent FedEx ; Angelina Jolie, sa dent Vuitton…). J’ignore si de ce côté-ci de l’Atlantique Renault ou la SNCF (ou Chanel, why not) ont pris contact avec Vanessa Paradis, dont les ravissantes « dents du bonheur » devraient faire un carton en la matière. Avec les présentateurs de télé (chaînes privées), les acteurs, dans une moindre mesure les sportifs, sont évidemment aux premières lignes de cette tendance. Depardieu aurait, lui, été approché par une célèbre marque de charcuterie ainsi que par un brasseur belge. La lutte pour la dent, entre annonceurs, promet d’être âpre et tendue. Gageons que d’ici bientôt certaines célébrités choisiront de se garnir toute la devanture, pour mettre un peu de beurre dans les rutabagas. C’est la crise pour tout le monde, hé ouais.

Tableau noir (3)

3 septembre 2011

 

Première de couv’

5 octobre 2008

15H. Bureau « maquette » du magazine Nada, un jour de fin septembre 2008.

— On peut la descendre un peu, la miss ?
— Dans la page ?
— Ben oui dans la page. Faut qu’il domine plus nettement, lui.
— Ok… Attends… deux secondes… Hop ! voilà…
— Parfait comme ça. Fred, viens voir… regarde… Kèce t’en penses ?
— Moi ça me va mais faut lisser.
— Encore lisser ?
— Ben ouais tu sais bien…
— Elle va pas faire trop jeune ?
— Ils veulent ça, on discute pas.
— Je vire toutes les rides alors Eric ?
— Tu vires tout ouais. Lisse. Jeune. Gonfle un peu la bouche, aussi. Faut qu’ça lippe bien. Que ça allume. Et accentue le sourire… qu’elle ait l’air de kiffer un peu, ha ha ha…
— Ça craint quand même… Tu trouves pas ?… Putain… C’est la femme du Président, merde quoi…
— Ecoute toi t’es retoucheur, tu discutes pas. T’inquiète. De toute façon c’est lui qu’a le final cut.
— Qui ? Sarko ?
— Ben évidemment gros couillon. Ils ont dit : Jeune, Dynamique. Dans l’coup partout. L’image. Si tu la laisses comme elle est, Carla, c’est mort. Pas envie de me faire virer, moi… Elle est hyper importante cette couv’, faut assurer…
— Bon ok les mecs. Moi je m’en fous après tout, je fais mon boulot. Rien à foutre de leurs conneries.

Quatre heures plus tard…

— Voilà, ça te va là ?
— Super. Une vraie pub pour Clarins. Tiens, envoie un jpeg la haut, qu’ils le voient avant qu’on foute la typo.
— Si tu veux je peux même lui mettre des tresses… tant qu’à faire allons-y !
— Pas con, fais une version avec des tresses ouais ; et celle-là, sans.
— On dirait sa fille… Génial.
— C’est un peu c’qu’y veulent on dirait. Que les gens sachent pas trop…
— Si tu veux je peux le vieillir un peu lui… comme ça on pensera que c’est sa petite fille !…
— C’est bien ouf Photoshop quand même hein…
— Tu m’étonnes, ha ha ha ha… Le trip pédophile !… Fendard !… En couv’ de Nada !
— Sont trop cons avec leur jeunisme de merde.
— Ah ben qu’est ce que tu veux… En plus c’est la fashion week, faut se la jouer mannequin de seize piges à fond…
— Ouais… Des fois je me demande ce que j’fous là moi… commence à me gaver ces conneries, à force… Non mais t’as vu où on va ? C’est l’hallu…
— Laisse Bob, laisse… On s’en fout ch’te dis… On s’en fout nous. On a du taf c’est déjà pas mal. C’est eux les responsables.

Joyeuses Pâques !

10 février 2008

09022008.jpg

Devant la caisse d’un supermarché, dans le 7ème.

– Ah vous avez déjà les lapins en chocolat ??
– Ben oui madame…
– Non Kevin, tu reposes ça ! … J’ai dit NON !
– Ouiiiinnn…
– C’est pas un peu tôt?…
– Vous savez, on met en place ce qu’on reçoit, on n’a pas le choix c’est comme ça.
– Kevin tu reposes ce lapin j’ai dit ! T’as même pas fini la galette des Rois…
(…)

Pour la P.H (petite histoire) Kevin aura quand même droit au petit modèle (Bunny,160g ; 50% de cacao)

Il fut un temps où le consommateur pouvait encore compter sur des plages de repos. Quelques semaines salutaires, par ci par là, entre Noël et la Saint-Valentin. Entre La Fête des Mères et la fête à Toto. Où il mettait un peu ses élans en veilleuse. Où il attachait sa gourmandise à un pied de table. Sans qu’elle souffre trop. Où il pouvait respirer deux minutes.
Cette époque est terminée.
Désormais donc, pour peu que vous soyez vaguement affaibli, sous l’hypnose de la publicité, sous les coups de boutoir du marketing SLV (sur le lieu de vente), vous avez le portefeuille constamment ouvert. On appelle ça überconso (avec ce préfixe germanique qui n’est pas sans rappeler le surhomme Nietzschéen, sa volonté de puissance, de dépassement, etc.)
C’est très efficace.
Nous avons depuis quelques années des cerises en janvier, février, mars, etc. (exit le Temps des Cerises)
Nous avons également les rentrées littéraires. Depuis peu il y en a deux, mais bientôt il en aura probablement trois ou quatre. Voire plus (la rentrée poche, la rentrée « bronzage », la rentrée « thrillers » avec les sempiternels « nouveaux maîtres du suspens », la rentrée « love stories », la rentrée des essais, la rentrée des enfants, des animaux, etc.
Il serait question, chez Coca Cola, de proposer bientôt un Père Noël en maillot de bain pour Juillet-Aout. (Où la dinde du 25 sera remplacée par des steaks d’autruche texane, avec séquoia nain à la place du sapin…)
Bref, nous allons tranquillement vers le « Tout, tout le temps ». On n’aura même plus le temps de désirer, de se réjouir de : ce sera déjà là. A dispo 24h/24. (PayPal et hop !)
En fonction de votre fameux « pouvoir d’achat » vous aurez deux alternatives : baver ou acheter. Au moins, vous n’aurez pas à réfléchir, c’est déjà ça.

Prêts ? Fartez !

21 janvier 2008

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A l’ère de la vitesse, c’est presque enfoncer une porte ouverte que de dire que la mode est à la lubrification. Lubrifier, c’est gagner en pouvoir de pénétration (dans l’air, dans l’eau ou dans ce qui vous fait plaisir). Gagner des centimètres, des mètres, de « précieuses secondes », voilà l’affaire. Que ça glisse bien – mieux – dans l’air opaque du temps incertain. Une société britannique, la Wildfire Snowsports Ltd. a quant à elle trouvé la solution pour gagner en vitesse avec des skis alpins : un système auto-lubrifiant farte vos skis pendant la descente ! Pour éviter la perte de matière ! La fixation libère un petit jus gras sous la semelle pendant que vous slalomez… Nickel ! Une vingtaine d’ingénieurs bossent là-dessus depuis plus de cinq ans, maintenant c’est prêt. Chaud bouillant ! Désormais donc, plutôt que vous traînasser à 120 km/h dans un schuss, vous ferez du 122 ! Ils ont fait des tests en labo, on gagne facile 1 à 2%. Plutôt que faire douze descentes dans la journée, vous en ferez douze virgule deux si vous êtes équipés de cette merveille de technologie. Wildfire : le feu sauvage du Progrès ! La double fracture du péroné en prime ! Il va pour sûr faire fondre la neige dans les stations ce brevet ! Et terrasser les chronos ! De toute façon moi je m’en fous je ne fais que de la luge…
Ce qui risque aussi d’être lubrifié dans un avenir proche ? La publicité sans doute, pour qu’elle entre mieux dans le cerveau, plus vite. La politique à Sarko, pour qu’elle pénètre mieux les sondages. Quoi encore ? Les pays « émergents » ! L’A6 le matin à 8 heures ! Les CRS ! les colis postaux ! les CDD! les hotlines ! les coulisses du pouvoir ! le trou de la Sécu ! Un tas de choses! Ça va beurrer sévère ! Huiles ! Silicones ! Graisse de phoque ! Polymères ! C’te vitesse maintenant ! Le grand Tournus ! Et qu’ça saute ! Prêts ? Fartez !

Le syndrome de Moebius

6 novembre 2007

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Le « syndrome de Moebius » est une maladie rare. Elle se caractérise par une paralysie congénitale des muscles oculaires et faciaux, présentant ainsi chez la personne atteinte une absence totale d’expression – a fortiori de sourire. D’autres anomalies sont parfois associées, comme une déformation de la langue (et donc des difficultés d’élocution), de la mâchoire ou encore des malformations des membres.
Cet inquiétant tableau clinique semble avoir pourtant inspiré un nombre croissant de « créateurs » pour leur communication. Dans le domaine figé du luxe notamment, toute expression du modèle qui trahirait une petite trace de vie, un semblant d’émotion, voire un (très) éventuel bouillonnement intérieur, est désormais considéré comme « hors de propos » et donc banni. Car le propos, justement, c’est de vous tenir vous, « fashion addict » à bonne distance de la Parade. Du Club très fermé de Ceux qui en Sont – et qui vous méprisent, vous qui les adorez, qui les désirez). Sur le plan marketing ce transfert affectif fait merveille : Le consommateur étant masochiste (il aime payer pour se faire battre), le Luxe se doit d’être de plus en plus hermétique, presque effrayant, inhumain. C’est un excellent calcul. Et le système de la mode de suivre absolument ce principe morbide (d’où les « gueules d’enterrement » des mannequins lors des défilés ces dernières années, par exemple).
Il est souvent dit que c’est la Mort la grande Inspiratrice. Artistiquement c’est souvent le cas. Mais pour vendre des accessoires ? (80% du chiffre d’affaire du luxe, environ) Qu’y aura t-il après? Une chose est à peu près certaine dans ce monde grave : le sourire – cet affreux handicap – ne reviendra jamais. Les paris sont ouverts.

Il est libre les filles !

19 octobre 2007

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Depuis hier, L’Elysée s’est associé avec l’indécrottable site de rencontres Meetic pour trouver rapidement une nouvelle compagne à Nicolas Sarkozy, Président de la République fraîchement divorcé. Une photo fringante, où il apparaît rajeuni, a été choisie pour illustrer la page d’accueil du site – en alternance avec les illusoires mannequines de service, totalement inaccessibles et pas inscrites, elles, faut pas déconner –. et ainsi répondre à une double nécessité : celle qui d’une part consisterait à colmater dans l’urgence la brèche que représente historiquement le célibat affiché d’un président de la Ve République, et celle qui d’autre part tenterait d’équilibrer le quota mâles-femelles du site en question (10 pour une environ, au bas mot) en attirant, une fois n’est pas coutume, un max de nanas (qui recherchent toutes, faut-il le rappeler, un prince charmant équilibré, fidèle, pas obsédé du tout, avec une bonne situation et une haleine fraîche en permanence – et qui pue pas trop des pieds si possible).
Avec le grabuge qui s’annonce, m’est avis qu’on est pas loin de l’alerte rouge chez Gala, Closer, Voici et autres torche-poils à sensations ; depuis hier, les journazzis et les paparalistes bouffent des corn-flakes et de la vitamine C à la louche géante. Faudra bien ça.

Personnellement, le coup du sage président marié – jolie façade avec geraniums – me semble d’un autre temps, un temps très vieux, qui ne saurait correspondre à la modernité, la nôtre (nous jeunes fous polygames hypersexués, avec nos bites en kevlar), qui nous dicte : Eclate-toi ! Travaille plus pour gagner plus ! et pour baiser plus surtout ! Plus plus plus plusss plussssssss (alope!) (de vie…)